JOIRET Michel

Biographie

Né à Bruxelles, le 31 janvier 1942. Professeur de français dans l’enseignement secondaire. Depuis 1980, détaché pédagogique, chargé de mission du C.P.O.N.S. (Conseil de Pouvoirs Organisateurs de l’Enseignement Officiel Neutre Subventionné) pour la Réforme de l’Enseignement Professionnel, actuellement conseiller pédagogique à la Province de Hainaut. Organisateur de débats, foires du livre; conférencier. Animateur de la revue Le Non-Dit. Écrivain (roman, poésie, essai, nouvelle, théâtre).

Bibliographie

Romans

  • Leila, Bruxelles, Les Éperonniers, 1981
  • La paix des chiens, Bruxelles, Les Éperonniers, 1984.
  • Madame Cléo. Prix Hubert Krains, 1981.
  • La différence, Le Pré aux Sources, Bruxelles, 1990.
  • Reprends-moi si je meurs, Luce Wilkin, Lausanne, 1990. Prix Gauchez-Philippot.
  • Une année singulière, Éditions d’Alcréna, Bruxelles, 1990.
  • Le Chemin d’Amandine, éd. Luce Wilquin,1999.
  • À l’enseigne du Beau Noir (polar), éd. Dricot, 2005.
  • Les masques verts du commandeur (polar), éd. Dricot, 2010.
  • Madame Cléo, M.E.O., 2011. Prix littéraire du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles 2012.
  • Propos d’inquiéteur, Éditions du Cygne, 2013.

Poésie

Une vingtaine de recueils depuis 1960, parmi lesquels:

  • Chambre sourde, Fagne, Bruxelles, Bruxelles, 1976.
  • Maître silence, Fagne, Bruxelles, Bruxelles, 1977.
  • La lampe à huile, Arcam, Paris, 1978.
  • Le Nord au front, Le Portulan, Bruxelles, 1972.
  • Calligraphies de gestes et de sens, Le Portulan, Bruxelles, 1983.
  • Les encres de Chine, Alliance française en Hainaut, Mons, 1986.
  • Le désordre des choses, Alliance française en Hainaut, Mons, 1987.
  • Une horloge à la mer, Le Pré aux Sources, Bruxelles, 1990.
  • Les yeux verts, Le Non-Dit asbl, Bruxelles, 1991.
  • Orient rouge, La Boîte aux Lettres du Non-Dit, Bruxelles, 1993.
  • Le désespoir du peintre, l’Arbre à paroles, Amay, 1994.
  • Avenue du silence, L’Arbre à Paroles, Amay, 1995.
  • Les trois cent soixant-cinq Visages de la Mer, éd. Textes et Prétextes, Wavre, 2005.
  • La route des Epices, éd L’Arbre à Paroles, Maison de la Poésie d’Amay, 2005.
  • Écrire à petit feu et Les patates.
  • Les années lumière, Éd. du Cygne, 2010.

 Essais

  • Michel de Ghelderode, dernier mystificateur de l’humain, La Dryade, Virton.
  • La poésie française de Belgique de 1880 à nos jours (en collaboration avec Robert Frickx), Nathan-Labor, Bruxelles, 1977.
  • La Mer du Nord, du Zoute à La Panne, Art de vivre et gastronomie, Pré aux Sources, Bernard Gilson, 1993.
  • La littérature belge de langue française, textes et méthode, Didier-Hatier, ouvrage pédagogique.
  • Lire Marcel Proust aujourd’hui, M.E.O éditions, 2009.
  • Les patates, et autres tubercules de la pensée, Éd. du Cygne, 2011.

Théâtre

  • La cave, quatre représentations à Bruxelles, au théâtre du Pré aux Sources, du 14 au 17 février 1990.
  • Madame Lazare, comédie en trois actes.

Michel Joiret est aussi critique littéraire, et a collaboré à de nombreuses revues, dont Jalons, Le Thyrse, Marginales, Le Taureau. Il anime la revue Le Non-dit. Animateur littéraire et pédagogue, il donne encore des conférences en France, en Belgique et aux Pays-Bas.

Textes

Souffreur de cendre

Je traverse mon pain
De la croûte à la mie,

Maintenant je décide
Et comprends à demi,
J’entrave et je délie.

Je fais sang de partout.

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Souffleur à la langue de sable,
Aux reins cassées,
Dieu partagé
Entre la pierre et le retable,
Je choisis l’amitié tardive
De tes objets.
Souffleur de cendre s’il en fut
Je prête forme à la tombée du jour
De l’aube d’où je viens.

Commentaires

Puis la refont, espérément ou pas, c’est selon. D’où vient que la voix de Michel Joiret (1942), tantôt épanouie, tantôt grinçante, se veuille avant tout “lecture cursive” du voyage. Souffleur de cendre (1974), soucieux de ses “cartes à jouir”, de ne pas “avoir perdu la vie / sans l’avoir fait couler / vraiment”, honorant donc la femme et le monde merveilleusement protéiformes, il n’en arpente pas moins l’aventure du silence (1995), émiettant “le hasard / dans l’urne oblique / du couchant” et concluant qu’ “il n’y a pas de sens à tout ceci sinon l’oreille / grinçante sur les rails du chemin parcouru”.
Car s’agissant de “tenir / simplement / la vie / par les anses “, Joiret ne s’en dissimule ni la fragilité ni la brisure fatale, et contre cette absurdité qui le révolte, ne recule ni devant l’expressionnisme:

Dans le cuvier
insoldable des jours:
cureter
jusqu’aux images
sa tache de naissance

ni devant l’humour noir, cette raillerie macabre, si périlleuse en poésie: que la vie le “buvarde” mais ne lui laisse pas accroire qu'”il est en avance / sur son temps// (comme) un mégot / qui parle”!  Joiret fait front, fait de toutes ses lettres: romancier, critique, animateur, revuiste,etc., il n’a jamais cessé, poète, de “retenir le temps”, voyageur solidaire des autres mais les sachant, comme lui, “chacun / dans sa valise”.

L’Arbre à paroles, 2000.