MIGUEL André

Biographie

André Miguel est né le 30 décembre 1920 à Ransart (Hainaut).
Poète, romancier, auteur dramatique, critique littéraire.

  • Prix Antonin Artaud
  • Grand Prix de poésie du Mont Saint-Michel
  • Prix du Hainaut Carles Plisnier
  • Prix Broquette-Gonin de l’Académie Française.
  • Prix Spès 1998.

A vécu avec Cécile Miguel dans le Midi durant de nombreuses années.

Rencontres, amitiés avec Jacques Prévert à Saint-Paul-de-Vence, Pablo Picasso à Vallauris, Char, Eluard, Tzarz, Gaston Puel, Frédéric-Jacques Temple. Auteur d’un essai-anthologie sur Achille Chavée qui en signa, à Cécile et André le premier exemplaire, sur son lit de mort.

Collaborations à de nombreuses revues françaises et belges.

Emissions littéraires à Radio Montpellier, R.T.B.F. 3 et 2, plusieurs pièces radiophoniques à France-Culture.

Ecriture androgyne avec Cécile, pendant une dizaine d’années en poésie, en pièces de théâtre, en roman.

Bibliographie

 

  • 100 + 1 Poèmes Labiles, (Tapuscrit original), s.l.,  s.d.
  •  Orphée et les Argonautes, Le Capricorne, 1949.
  •  Onoo, éditions Iô, 1954.
  •  Toisons, Gallimard, 1959.
  •  Fables de nuit, Oswald, 1966.
  •  Temps pyramidal, Fagne, 1967.
  •  Fleuve-Forêt, Fagne, 1968.
  •  Boule Androgyne, Saint-Germain-des-Prés, 1972. Prix Antonin Artaud.
  •  Corps du jour, Saint-Germain-des-Prés, 1974. Grand Prix du Mont-St-Michel.
  •  Œil immense, De Rache, 1977.
  •  Parler au dédale, Le Temps Parallèle, 1978.
  •  Ovales naturels, précédé de Onoo, Saint-Germain-des-Prés, 1979.
  •  Devenu filigrane visage, L’Arbre à Paroles, 1988.
  •  L’imposcible, L’Arbre à Paroles, 1989.
  •  L’instant infini, Éditions La Bruyère, Coll. Iô, Paris, 1990.
  • Le piège du sacré, L’arbre à paroles, 1996.

Romans, contes :

  •  L’équilibre, Gallimard, 1961.
  •  Contes du dragon blanc, Saint-Germain-des-Prés, 1974.
  •  L’oiseau vespasien, Le Cri, 1981.

Essais :

  •  Achille Chavée, Poètes d’Aujourd’hui, Seghers, 1969.
  •  L’homme poétique, Les Cahiers de la Poésie, Saint-Germain-des-Prés, 1974.

Théâtre :

  •  Œil pour dent, Radio-Montpellier, 1963.
  •  Les chats siamois, Radio-Montpellier et, nouvelle mise en ondes, RTBF Namur, 1968.
  •  Une journée immobile, France-Culture, 1968. Prix Charles Plisnier.
  •  Solitude tambour, France-Culture, 1969.
  •  Le lézard casqué, France-Culture, 1969.
  •  Araignée géante, Radio Suisse-Romande, 1970; nouvelle mise en onde RTBF Namur, 1975.
  •  La multiplication, France-Culture, 1972; nouvelle mise en ondes, RTBF Namur, 1975.
  •  La différence, RTBF Namur, 1975.
  •  L’oiseau vespasien, lectures spectacles par Frédéric Baal, Atelier Sainte-Anne, Bruxelles, 1975 et 1976.
  •  La Tour Babnul, RTBF Namur, France-Culture, Radio-Montréal, Radio-Genève, 1977.

Textes

Extraits de Gifler l’Oedipe

Chant de l’oiseau
inconnu
vibration intime
venant de l’autrefois
maintenant les douceurs
vertes verdâtres de la terre
pour un regard
sensible à la douceur
du ciel

Le soir un piano
de l’utopie
en courbes inconvenables
Des objets aimés
luisants ambrés
des mains des lèvres
des baisers fous
des caresses des étreintes
des parfums semés
dans la lumière
et l’ivresse

***

Après un délicieux repas
de zakouskis et de langouste
il était onze heures
quand elle monta au onzième étage
de l’hôtel de Nice
suivie de son parfum de musc indien
Elle demanda: “Quelle heure est-il?”
au miroir vénitien
“Il est nulle heure” répondit-il
“Regarde dehors le Golden Gate
brille comme de l’or”
D’une valise elle tira
un petit tableau de Chirico
que sur son coeur elle posa
avant de s’endormir sur un lit
de roses et d’orchidées

***

Années
d’ardeur et de tendresse
quand tu dormais
nue
aux regards des écureuils
Notre lieu perdu
secret
dans la montagne
Au bord de la mare
les cigales
et ce qui se faufilait
dans les herbes
Notre devenir avec
celui des pins des fougères
des pêchers des forsithias
La grande réserve d’amour
hantait nos proches
géographies
Le vent fermait
les yeux des chats
Nous nous moquions
de l’oeil glauque
qui fuyait dans l’ailleurs
Un sourire complice
faisait chanter le piano
à la Satie ou à la Debussy
Parfois la nuit
nous avions peur
peur d’être étouffés
dans le noir

***

C’étaient deux chevaux blancs
toujours
devant les cyprès
C’étaient des rires légers
des baisers des étreintes
des détours des abîmes
des noeuds gordiens
C’étaient vingt paupières
aux longs cils
battants sur des visages
C’était la voix lugubre
d’une femme invisible
C’était fermer la porte
à la gueule du diable
C’était une chambre nuptiale
où se trouvaient à boire
porto cognac whisky
C’était laver le corps
précieux de l’épousée
C’était lui parfumer
le ventre le pubis les seins
le visage et le sexe
C’était l’aimé ayant fait
du cheval à la Buffalo Bill
très tôt le matin
C’était quelque part entre Avignon
et Vaison-la-Romaine

***

Tout d’un coup une rose
dès lors on adore
Cela s’appelle “première enfance”
ou “première rose”
Remontent d’anciennes
images enfouies
Faire le chat sur une chaise
dans la position “visible-invisible”
Á trois heures du matin
il avait écrit: “Je lis mon poème
et c’est moi que je lis”
Allez au Japon et transmettre
la fissure
Deux trous préhistoriques le voir
le savoir la fissure le non-dit
mais l’or la sphère le soleil
malgré tout Elle dit:
“Chéri il faut résister à l’inhumain”

Commentaires

André Miguel a été de toutes les avant-gardes et de tous les combats à la fois légitimes et douteux.  Une telle agitation donne de lui des images diverses et souvent contradictoires.  De l’élégie qui est son domaine le plus attachant, au minimalisme en passant par le néo-sur-réalisme fracassant, son itinéraire peut étonner le lecteur en quête de cohésion.  Qu’il aille cependant au-delà des apparences: il y a ici un oeil expert à capter l’insolite.

Editions Traces, Bruxelles “La poésie francophone de Belgique (1903-1926)