Jeudi 15 mai 2025

THÉÂTRE D’OMBRES | “Et si nous sommes désespérés ?” par Laëtitia Riss

À la Maison de la Poésie | rue Fumal 28, 5000 Namur

D’après l’œuvre de Günther Anders.

Notre temps est confronté à un paradoxe : jamais les catastrophes n’ont autant saturé nos horizons d’attente, et jamais pourtant n’ont-elles semblé plus lointaines. Dans de nombreuses œuvres, le cinéma s’est saisi du thème de la fin du monde en représentant l’angoisse grandissante de l’humanité face à la venue prochaine d’un événement cataclysmique. Si ces fictions nous semblent aussi crédibles, c’est parce qu’elles reproduisent à l’identique la passivité qui nous est imposée face au devenir catastrophique du monde : tout se passe comme si notre destin était déjà joué d’avance.

C’est depuis cette contradiction qu’entend se formuler Et si nous sommes désespérés ? afin de raconter l’expérience de la catastrophe, d’éprouver les modes de vie qu’elle engage, et de susciter l’engagement politique qu’elle requiert.

Entre théâtre documentaire, fiction d’apocalypse et conte philosophique, Et si nous sommes désespérés ? explore notre présent à travers un dispositif scénique minimal, conçu pour dédramatiser les images spectaculaires, qui hantent nos imaginaires. Ainsi, des projecteurs, des ombres chinoises, des enseignes lumineuses, désorientent le regard tandis qu’une voix d’outre-ombre suscite une écoute clandestine. Dans le brouhaha de l’Histoire, seule compte la parole de ceux qui parviennent à la transmettre.


Günther Anders (1902 – 1992)

Philosophe, moraliste, fabuliste, militant, Günther Anders, qui fut aussi le premier mari d’Hannah Arendt, nous lègue une œuvre considérable, à la hauteur des questions qui travaillent notre époque. Comment prendre la mesure de ce qui nous arrive ? Comment vivre sans espoir des lendemains ? Comment agir dans les temps de la fin ? Pour répondre, contrairement à de nombreux contemporains, il ne cède pas au catastrophisme, mais réclame une politique de l’imagination.


« Puisqu’il n’y a plus rien à voir, essayons de fermer les yeux.
Qu’est-ce que vous voyez ? Toujours le même noir ?
Vous êtes sûrs ? Moi, je vois, un ciel immense,
et troué par le soleil : on dirait qu’il s’est rapproché. »

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