DE GIRAUD Théophile

Biographie

Né, par hasard et sans conviction, à Namur en 1968. En 3ème Maternelle, projet, avorté, faute de combustible, mais redoutablement sérieux, de pulvériser l’établissement scolaire selon les lois de la dynamite. Enfance passée dans une famille exceptionnellement douée pour le dégoûter de la famille. A 15 ans, caresse un instant l’idée de devenir serial-killer, puis se ravise, moins par sagesse que par timidité. Quelques inscriptions universitaires mais, vite écoeuré par le professionnalisme ambiant et syllabussophobe incurable, préférera se livrer au vice de l’autodidactisme dans la plupart des branches du savoir susceptibles de faire de l’homme autre chose qu’un animal-machine. Suicidaire et récidiviste chronique entre 18 et 20 ans. De 20 à 28 ans, étude/lecture/écriture en anachorète grognon et méticuleux. Abondants voyages en terres celtes et scandinaves, loin des héliacités classico-dociles. En 2000, auto-édition de « De l’Impertinence de Procréer » qu’André Blavier aura la bienveillance de répertorier dans ses « Fous Littéraires ». En 2004, publication de « Cent Haïkus » nécromantiques » aux éditions Galopin (Spa). Père de très peu d’enfants. Inadapté méthodique. Insomniaque notoire. Sexualité : fantaisiste.

Bibliographie

  • De l’Impertinence de Procréer, Bruxelles : Chez l’auteur, 2000.
  • Cent Haïkus nécromantiques, préfacé par Jean-Pierre Verheggen et postfacé par André Stas, Spa : Editions Galopin, 2004.
  • L’art de guillotiner les procréateurs, Manifeste anti-nataliste, Nancy : Ed. Le Mort-qui-trompe, 2006.
  • Diogénèses, poèmes fluorescents à lire entre deux génocides, Bruxelles : Ed. Maëlstrom, 2008.
  • Cold love, satanic sex and funny suicide. Poème-essai sur le rock destroy et ses lourdes séquelles. Bouxières-aux-Dames : Editions le mort qui trompe, 2008.

En préparation : Aphorisme macabre, Exercices d’ontoclastie augmentés d’un docte commentaire des 26 ou 27 lettres de l’alphabet

Textes

Les Elastolalies mélanophores (recueil inédit : extraits)   RIEN RIEN TOUJOURS RIEN Rivages lavasses d’atomes écoeurés Océan aux vagues sèches Lapures de proférations Enivrante morosité du pain blanc Luxuriante hypoténuse des flux riants d’hippocampes ténus Quoi de plus hermémeutant Que la décryptation des phlogistiques Quoi de plus perceptif que le soliloque des gladiances Quoi de plus coi que les falaises de nos répudiats Des sursauts de castors D’interminables visions de lémures Le hochement des laxatifs zéphyrs dans l’herbe almageste Et puis au cœur du plus plastron de l’abîme Des étincelances de pluie souricière Des courses de stalagmites d’argent Des victoires d’ailes et de gréements O chifoniôse d’argile ö increscences ô parapets         LA RATE Leur cœur m’étaient familiers jamais apparus Sans émettre Un souffle de bourbier volatilisé L’amant et le boucher escaladaient les deux façades De ma volonté Condescendre Toujours implosivement condescendre A tribuler la voirie Boulevards et venelles Naguère palais paladions de nacre proserpine Désormais fumiers de plate inconsistance Mais où des larves à l’épure peu tactile Trouvent encore à mandibuler       IL VA DE SOI QUE LA MARE Que nous rencontrâmes plus tard Perchée sur le dos d’un mulet N’avait pas cette profondeur que l’on connaît aux océans       AU DEMEURANT LA MORT C’est l’arc-en-ciel des couleurs enfin reverni C’est le vert et le jaune Et l’oblation du soir au souverain des grêles Vierge tes braises roulent vers un coquetier Zinzolin de mansuétude Suppurent Saint émasculé Escabeau épingles homélies trétaux Or et gaze et vitriphage Cataractes de haute sonorité où croulent abominés Des crânes entiers agenouillés sur le sable à peine sec De leur postérité       VOILA ME DIS-JE UN NOUVEL ANTHISTHENE Ne s’avilissant point à vivre Parmi le zoo des mimétisations Seul Il s’était dressé en immeuble A nul comparable Aussi devinez de quoi Cette étrange bâtisse se constituait : D’helminthes de ténias et d’ascaris ! Embaumés et durcis Selon un procédé marsupial de lyophilisation Voilà me dis-je un homme à la désopilance innée Il avait eu le ventre de satisfaire au rôle D’ordinaire dévolu A ses matériaux       JE L’AIME ELLE QUE LES SAXIFRAGES Ont colonisée de leur Fluvialité montante Flamme du firmament mordant les hivers lapons Il y eut un temps Puis le crépuscule déchira sa robe       ICI JE M’ABSENTE Rien de notable On martelait à la porte Je desserre Une grande tache de sang s’incline                                            me crache au visage Et s’enfuit Curieux train des choses

Commentaires

« C’est peu dire que, à l’instar d’Artaud, de Julien Torma ou des meilleurs gnostiques, ce singulier Théophile exècre sa naissance, toute naissance. […] Du point de vie graphique et typographique, son ouvrage, parfaitement autogone, comme il est de règle pour un « fou littéraire », affiche, démultipliée par la virtuosité muridomane et les collages virtuels, une hypergénésie stylistique qu’on considérera dans un siècle avec autant de curiosité qu’aujourd’hui l’inflation lépidoptérienne d’un Nicolas Cirier. » Thieri Foulc, Viridis Candela (Carnets trimestriels du Collège de Pataphysique) (n°8, juin 2002)   « Un livre absolument inclassable (hormis chez les « fous littéraires » chers à André Blavier) qui s’affiche comme un plaidoyer contre la procréation, où l’on ne sait quelle part attribuer à l’humour et à la provocation, et une œuvre d’une extrême inventivité poétique et graphique, jouant constamment des mots, mais aussi des lettrines, de la typo, de l’espace des pages. » Le Carnet et les Instants (n° 115, novembre 2000)   « Au premier coup d’œil, on comprend pourquoi le spécialiste des fous littéraires a saisi l’opportunité d’augmenter le corpus de ses protégés. Le Livre de Giraud […] ne cache pas une seconde son caractère secoué. Outre qu’il est nourri d’expérimentations langagières qui soutiennent une thèse socio-philosophique dont le résumé peut-être « Tout homme non-né détient le droit de ne pas naître », la maquette folâtre suffit à dénoncer l’original, sinon le forcené. » Eric DUSSERT, Le Matricule des Anges (n°35, juillet 2001.)     « Les amateurs de curiosités littéraires, les bibliophiles, les collectionneurs ont réservé un accueil empressé à ce pavé énorme, dense, qui répertorie toutes les extravagances de la typographie, consume toutes les manières d’exprimer une idée fixe, dresse une anthologie de la citation pessimiste, épuise les possibilités du raisonnement et de la rhétorique, témoigne de 333 façon de folioter une page, attente avec une délectation de néologiste à la pudeur naturelle de la langue française, stérilise les pisse-froid et le mauvais coucheurs […] et défend l’idée que le premier Droit de l’Homme serait de ne plus naître. » Les Amis de la Grive (n° 165, juin 2002)     Dans son pavé sulfureux De l’Impertinence de Procréer, cet extraterrestre écrivain belge […] n’est pas seulement l’auteur d’un pamphlet idéologique. Il est également le créateur d’un objet richement baroque, que n’eussent certainement pas renié les Monty Pythons. Collages, enluminures informatiques, typographies échevelées, jeux de pistes cryptés, néologismes biscornus…L’emballage fait dans le happening apocalyptique. L’intérieur renferme un condensé ludico-philosophique obsessionnellement vissé vers le pessimisme. […] Théophile de Giraud, qui se réclame du purisme cathare mais aussi d’un surréalisme dada, cultive une provocation pas vraiment frileuse, passant au napalm et à la bombe nucléaire verbale les derniers (qui sont aussi les premiers) bastions du conservatoire des bonnes mœurs. […] En résumé, la procréation serait une parfaite aberration. Nicolas CROUSSE, Le Matin (17 mars 2001)     Cent Haïkus nécromantiques   « Peut-être est-ce ainsi qu’il faut lire les haïkus nécromantiques de Giraud : morceau à morceau jusqu’à l’os au point de l’avoir dans l’os ! En s’arrêtant sur telle forgerie ou telle trouvaille qui relève de l’héraldique verbale via le blason des corps laminés ! Agacé parfois, irrité même, mais toujours curieux, titillé, aiguillonné par la langue fourchue de ce diable de Giraud et sa pêche d’enfer ! » Jean-Pierre VERGEGGEN, préface de l’ouvrage     « De Théophile de Giraud on ne connaissait jusqu’à ce jour qu’une seule production littéraire, mais quel ovni ! […] On aurait pu croire que de Giraud allait demeurer l’homme d’une seule œuvre, tant après cela il s’avérait difficile de faire pire. On se fourvoyait ! En effet, le voici qui frappe derechef par le biais de ces Cent Haïkus nécromantiques, excessivement provocateurs en leur barbarie ravageuse. Parodiant l’extrême concision de cette forme poétique spécifiquement japonaise, l’écrivain mutant nous emmène subrepticement dans l’Enfer du décor, lieu improbable dont le lecteur téméraire ne reviendra probablement pas indemne, du moins s’il ne perçoit pas l’immaculée noirceur de l’humour du bonhomme. Faudra-t-il quelque jour brûler de Giraud ? C’est à craindre… » André STAS, postface à l’ouvrage     « Un concentré de poésie dévastatrice où un maître conceptuel, syntaxique et lexical explose littéralement de talent. Une valeur d’avenir ! » Jacques DE DECKER, Le Soir (18 février 2005)