SCUTENAIRE Louis

Biographie

Louis Scutenaire (Jean Émile Louis Scutenaire) est né en Belgique (Hainaut), à Ollignies, près de Lessines, le 29 juin 1905. Dès 1916 il écrit ses premiers poèmes. À partir de 1918 il fréquente différents établissements scolaires dont il se fait régulièrement exclure. En 1919, il entame des études de droit.

En 1926, Scutenaire rencontre Paul Nougé à qui il a fait parvenir ses poèmes, puis Camille Goemans, René Magritte, E. L. T. Mesens. Il commence à collaborer aux entreprises des surréalistes belges. Il rencontre en 1928 Irène Hamoir (Irine) qu’il épouse en 1930. Ayant obtenu son diplôme de docteur en droit, il effectue des stages, plaidant surtout au pénal et s’intéressant aux aliénés, nomades et « mauvais garçons ». Scutenaire et Irène Hamoir se rendent alors régulièrement à Paris où ils rencontrent fréquemment André Breton, Paul Éluard, Benjamin Péret, René Char, Marcel Duchamp, Picasso, Brauner, Ernst, Miro, Oscar Dominguez. En 1937 ils séjournent chez René Char à Céreste (Provence).

En mai 1940 les Scutenaire quittent Bruxelles vers Paris et Bordeaux, rejoignent Magritte et Raoul Ubac à Carcassonne, rencontrent Joë Bousquet, Jean Paulhan, André Gide, regagnent Bruxelles en octobre. Scutenaire entre en 1941 au ministère de l’Intérieur, sera nommé conseiller-adjoint et occupera ce poste jusqu’en 1970. C’est en mai 1943 qu’il commence de noter ses inscriptions dont le premier tome est publié en 1945 sur proposition d’Éluard, avec le soutien de Paulhan et Queneau. Un deuxième doit suivre mais l’éditeur demandant la suppression de deux ou trois réflexions jugées trop libres, Scutenaire s’y refuse. En 1948, il accompagne d’une préface (Les pieds dans le plat) l’exposition à Paris des peintures non moins scandaleuses de la période vache de Magritte.

À partir des années 1950, Louis Scutenaire collabore à de nombreuses revues, La Carte d’après nature, (animée à Bruxelles par Magritte), Les Temps mêlés (d’André Blavier, à Verviers), Les Lèvres nues (Marcel Mariën), Rhétorique (consacrée à Magritte par André Bosmans), Phantomas, puis Le Vocatif (Tom Gutt), et écrit de nombreuses préfaces (Magritte, Jean Raine, Roland Delcol).

Le deuxième tome de Mes Inscriptions est publié en 1976, grâce à Tom Gutt et Isy Brachot. Trois autres suivront.

Louis Scutenaire (qui signe sa correspondance et se fait familièrement appeler « Scut ») meurt le 15 août 1987 alors qu’il regarde à la télévision un film sur son ami Magritte.

Source: Wikipédia

Bibliographie

  • Les Haches de la vie, (signé Jean Scutenaire, avec un dessin de René Magritte), Paris, G. L. M., 1937.
  • Le Retard, (signé Jean Scutenaire), Paris, Editions Sagesse, Librairie Tschann, 1938.
  • Les secours de l’oiseau, (signé Jean Scutenaire), Paris, Parisot, 1938.
  • Frappez au miroir!, (signé Jean Scutenaire, avec trois dessins de Magritte), Bruxelles, Wellens-Pay, 1939.
  • Les Degrés, (couverture de Mario Prassinos), Paris, Fontaine, 1945.
  • Le Bâton de Jean de Milan (1918-1924) (avec quinze dessins d’Yves Bossut), Bruxelles, 1970.

Les poèmes anciens de Scutenaire ont été réunis dans:

  • La Citerne, poèmes complets (1913-1945), Bruxelles, Brassa, 1987.

Des poèmes plus récents ont été publiés dans:

  • La Bonne semaine, (avec des dessins de Marcel Mariën), Bruxelles, Les Lèvres nues, 1978.
  • La Colline de la Planque, Cahiers de Mauregny n° 9, 1979.
  • Histoires naturelles, (illustré par Roland Delcol), Bruxelles, L’Envers sauvage du réel, 1979.
  • Effacer l’ombre, Frassem, La Table des Champs, 1982.
  • Le Bosquet de Sherwood, (avec des dessins de Roland Topor), Bruxelles, La Pierre d’Alun, 1988.

Source: wikipédia

Textes

Il montera sur elle

Il montera sur elle
Ils s’emboutiront l’un dans l’autre
Ils mêleront leur broussailles
Ils feront les mouvements appropriés
Ils râleront des incohérences
Ils auront quelques soubresauts
Un long cri de soulagement
Ils seront tout mouillés
Ils se sépareront en s’essuyant le mieux possible
Ils recommenceront le plus tôt qu’ils pourront
C’est pour ça qu’ils vinrent au monde

Commentaires

Louis Scutenaire est le plus puissant – faut-il dire: le plus brutal – des représentants du surréalisme belge, avec Paul Nougé. Il est aussi un contestataire bruyant et un anarchiste de gauche. Là où Achille Chavée va vers la poésie pure, lui se cantonne, en dehors de quelques texes plus lyriques, auxquels il n’attachait aucune importance, dans la rédaction systématique d’aphorismes terrorisants: drôlerie, absurde et cynisme, en un grand brassage moralisateur et démoralisateur en même temps. Il a, en tout cas, supprimé la frontière entre la réflexion et la formule poétique. Louis Scutenaire est le costaud des bateleurs en mots cinglants.

La poésie francophone de Belgique (1903-1926), Éditions Traces, Bruxelles.