SCHEINERT David

Biographie

 

David Scheinert est né le 29 mai 1916 à Czestochowa (Pologne).  Szajnert (graphie originale du nom)

 

Naturalisé belge en 1939, il s’active, tenté à la fois par le marxisme et le sionisme.

David et Suzanne, mariés en 1945, s’installent à Rixensart où il écrit son premier roman, L’apprentissage inutile, puissante évocation largement inspirée de faits vécus. Cet ouvrage capital (du point de vue littéraire aussi bien qu’historique) paraît en 1948 à Paris. Dès lors, Scheinert ne cessera plus d’écrire (tandis que sa femme composera et publiera des poèmes qu’elle signera Suzanne Scheinert-Servais).

 

En 1961, son roman Le Flamand aux longues oreilles lui vaut le prix Rossel, très important en Belgique. D’autres prix lui seront attribués par la suite.

En 1964, David Scheinert est l’un des fondateurs du Groupe du Roman qu’il animera jusqu’en 1972. Une crise cardiaque, en 1966, met fin à sa carrière de publicitaire.

Nombre de ses oeuvres ont été traduites en diverses langues. Inversement, il a traduit ou adapté des ouvrages allemands, hongrois, irlandais, ainsi que des textes de langue néerlandaise. On lui doit, de plus, une nouvelle version française du Cantique des Cantiques.

Les Scheinert se fixent en 1968 au bord du lac de Genval. David entreprend alors la composition de sa première pièce de théâtre, L’homme qui allait à Götterwald, parfaite réussite créée à Genève en 1972 par le Théâtre de dernier, à l’initiative du metteur en scène René Habib. La même année, David Scheinert fonde le prix littéraire Franz Hellens qui sera attribué à d’excellents écrivains de langue française, tels Anne Philippe, Dominique Rolin, Robert Merle, Paul-Aloïse De Bock et Henry Bauchau.

Aujourd’hui, les Scheinert habitent Bruxelles. David n’a cessé ni d’écrire ni de publier. L’un de ses ouvrages les plus récents, Confidences d’un Juif hérétique, est un essai constitué d’une suite de réflexions d’une émouvante franchise et d’un grand courage. La belle fermeté de l’écriture s’y accommode à merveille d’une présence soutenue de l’esprit poétique. C’est un livre majeur, de construction et de ton extrêmement neufs, que dans tous les milieux, juifs ou non, ont remarqué ceux qu’intéressent les problèmes politiques, moraux et religieux de notre temps.

David Scheinert est décédé en 1996.

Bibliographie

Romans :

L’apprentissage inutile, Corrêa (Buchet-Chastel), Paris, 1948. Rééd. Société de Commercialisation des Éditions Jacques Antoine, Bruxelles, 1985; coll. Passé Présent.

Le coup d’État, Minuit, Paris, 1950.

Le Flamand aux longues oreilles, Del Duca, Paris, 1959. Prix Victor Rossel 1961.

Le mal du Docteur Laureys, Éditions des Artistes, Bruxelles, 1962.

La contre-saison, Del Duca, Paris, 1966. Prix de l’Académie française.

Un silence provisoire, 1968.

Le voyage en Palestine, Louis Musin, Bruxelles, 1973.

La métamorphose de Pierre Bajut, Louis Musin, Bruxelles, 1974.

Les amités lointaines, Ed. du Panthéon,

Nouvelles :

Bien que la terre soit ronde, Le Thyrse, Bruxelles, 1950.

Les amitiés lointaines, Éd. du Panthéon, Bruxelles, 1983.

Théâtre :

L’homme qui allait à Götterwald, Del Duca, Paris, 1970. Prix Vaxelaire de l’Académie royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique et prix de la Province de Brabant.

Les poissons sont morts et Les pieds, CC Publishers, Namur, 1973.

Poésie :

La figue sur l’ulcère, Marginales, Bruxelles, 1949.

Requiem au genièvre, Pierre Seghers, Paris, 1952.

Le chat à neuf queues, Bruxelles, 1952.

Et la lumière chanta, Pierre Seghers, Paris, 1954.

Dans ce jardin devenu le monde, Dutilleul, Paris-Bruxelles, 1956.

Comme je respire, Pierre Seghers, Paris, 1960.

Sang double, Bruxelles, 1962.

Une rose pour dix épines, Pierre Seghers, Paris, 1968.

Un coeur de Barbarie, Maison internationale de la Poésie, Bruxelles, 1976.

L’horloge élémentaire, Saint-Germain-des-Prés, Paris, 1980.

Le tambour bat, Messidor, Paris, 1986.

Essais et témoignages :

Les écrivains belges devant la réalité, La Renaissance du Livre, Bruxelles, 1964. Prix Léopold Rosy de l’Académie royale et prix des Bibliothèques publiques.

La vie des hommes vue par les écrivains, Sodi, Bruxelles, 1967.

Constant Burniaux ou la hantise du temps, Unimuse, Tournai, 1973.

Confidences d’un juif hérétique, Vie ouvrière, Bruxelles, 1989.

Traduction :

Le Cantique des Cantiques, Paris, Abram Krol, graveur, Paris, 1952.

A consulter :

– Gilles Nélod : David Scheinert, un tempérament, Les Cahiers du Groupe, Bruxelles, 1970.

– Daniel Cologne : David Scheinert sur les traces de Kafka, Louis Musin, Bruxelles, 1973.

– Jacques-Gérard Linze : David Scheinert ou l’unité perdue, La Dryade, Vieux-Virton, 1975.

– Jacques-Gérard Linze : Humanisme et judaïsme chez David Scheinert, P. J. Oswald, Paris, 1976.

– Lászlo Ferenczy : David Scheinert ou la passion du juste milieu, Louis Musin, Bruxelles, 1983.

David Scheinert a entretenu une correspondance avec Henri Hertz. Divers documents intéressants sont conservés dans les Archives de la Bibliothèque et Archives de l’Alliance israélite universelle (45, rue La Bruyère, F.75425 Paris Cedex 09 – 00-33-(0)1 53 32 88 55 – Courriel : biblio@aiu.org
On peut en consulter la liste via le lien suivant :
http://www.aiu.org/bibli/index.php?option=com_content&view=article&id=110&catid=24&Itemid=24#corespondance

Textes

Le sommeil du juste

Bonnes gens, dormez en paix ! Cet appel du veilleur m’ arrive aux oreilles à travers les mille pièges d’ une nuit sans issue.

Je ne suis pas bonhomme et ne dors pas en paix, mais perdu dans l’ orage de l’ apocalypse, je cherche l’ île perdue où reposer ma tête.

Je me tourne et retourne, où est le côté faste ? J’ aimerais être inique pour dormir comme un loir, car on me déteste pour mon double Ezéchiel.

Si juste je suis, je dors comme un damné, à la chute du jour, me poignent les maux du monde, j’ ai des crampes aux humains.

Si j’ étais pharisien, mon lit serait paisible, comme un rat sur son or, j’ oublierais tout enfin, à mon front le silence ferait un frais feuillage.

Ma tête se laisse aller, on dirait que mes doigts se donnent à la rivière, je nage sans penser et cesse d’ exister, enfant redevenu