LALANDE Françoise

Biographie

Les tableaux biographiques ne font jamais que taire l’essentiel. Nous nous limiterons donc à quelques repaires, un terme à prendre dans ces deux sens, ce qui cache et ce qui montre.   Françoise Lalande est née le 2 octobre 1941, en Ardennes, à Libramont, dans la maison des grands-parents maternels, située au 27, rue des Alliés. C’est la guerre, omniprésente dans l’œuvre. Cette région et Libramont sont importants pour l’auteur : lieu des vacances, Noël, Pâques, juillet-août.   Son grand-père, sa grand-mère, sa mère, sa tante, sa cousine, son oncle et Aymé le domestique, la forêt de Saint-Hubert qui commence derrière le jardin, tout cela apparaît dans Cœur de feutre, Daniel ou Israël mais aussi dans Le gardien d’abalones. Et surtout, on retrouve dans ces romans le nom de famille maternel : KEIL. Il n’y a pas que les généalogies paternelles qui comptent. Cet attachement à l’Ardenne imprègne également Madame Rimbaud et explique ce que Françoise Lalande appelle son «caractère de sanglier».   En 1966, elle termine ses études de Philologie romane à l’Université libre de Bruxelles et décide de s’expatrier vers le Zaïre, à Kolwezi, pour donner des cours de français aux Zaïrois. Elle y montera également une pièce de théâtre, Le don d’Adèle, un grand succès dans la brousse de Kambove, et organisera une grève en faveur des enseignants. C’est aussi au Zaïre qu’elle vécut une expérience déterminante: la crainte de sa propre mort, qu’elle relate en exergue à la pièce Alma Mahler et dans une nouvelle publiée en allemand : La mort nomade.   Après un court retour en Belgique, elle repart en Colombie pour trois ans, à Bogota, où elle dirige une galerie d’art et donne des conférences à l’Alliance Française ainsi qu’à l’Université des Andes. Elle a également séjourné un an en Équateur, à Quito, aux États-Unis, et voyagé dans plusieurs pays d’Amérique latine.   Françoise Lalande a deux enfants : Thomas et Katia Wastchenko.   Elle a été administrateur d’Amnesty International pendant cinq ans.   Actuellement, elle est chargée du cours de littérature comparée à l’Institut supérieur de Traducteurs et Interprètes, à Bruxelles, où elle vit.

Bibliographie

Sous le nom de Françoise Wastchenko :

  • La fumeterre, poèmes, Paris, Les paragraphes littéraires, 1973.
  • L’ambassadeur, poèmes, Bruxelles, Jacques Antoine, 1976.

Sous le nom de Françoise Lalande :

  • Le gardien d’abalones, roman, Bruxelles, Labor, 1994. (Écrits du Nord Bruxelles).
  • Le souvenir de ces choses, théâtre, R.T.B.F., 1983, réalisation de Jean-Louis Jacques.
  • Alma, théâtre, R.T.B.F., 1984, réalisation de Thierry Génicot.
  • Cœur de feutre, roman, Bruxelles, Jacques Antoine, 1984. (Écrits du Nord).
  • Madame Rimbaud, biographie, Paris, Presses de la Renaissance,  1987. Paris, Ed. Presses Pocket, Paris, 1992 ;  Bruxelles, Labor, 2002. Traduction : La madre de Rimbaud, Ed. Funambulista.
  • Daniel ou Israël, roman, Paris, Acropole,  1987.
  • Alma Mahler, théâtre, Arles, Actes-Sud Papiers, 1989.

A contribué activement au Dictionnaire des littératures de langue française, Bordas. En novembre 1991, création de Mother (Madame Rimbaud), par le Centre Dramatique d’Arlon (Maison de la Culture du Sud-Luxembourg), en co-production avec le Théâtre d’Esch-sur-Alzette, dans une mise en scène de Jacques Herbet.

  • Jean-Jacques et les plaisirs, roman, Paris, Belfond, 1993.
  • Christian Dotremont, inventeur de Cobra, biographie, Paris, Éd. Stock, 1998. Bruxelles, Ancrage,  2000.
  • Noir, roman, Bruxelles, Éd. Ancrage, 2000.
  • Décortiqueur de mouches et vierges violées, pamphlet, Bruxelles, Éd. Ancrage, 2000.
  • L’homme qui aimait, récits, Bruxelles, Le Grand Miroir, 2002.
  • Moi aussi j’ai une histoire, récit, Bruxelles, Le Grand Miroir,  2003.
  • Ils venaient du Nord, essai, Bruxelles, Le Grand Miroir,  2004. (La Petite littéraire).
  • Dans les replis nocturnes de mon coeur, nouvelles, Bruxelles, Le Grand Miroir, 2005.
  • Sentiments inavouables, roman, Loverval, Ed. Labor, 2006. (Grand espace nord).
  • Une Belge méchante, roman, Bruxelles, Ed. Le Grand Miroir, 2007.
  • Ils venaient du Nord. Traduction arabe de Jalal El Hakmaoui. Rabat, Editions Marsam, 2008.
  • La séduction des hommes tristes, roman, Avin, Luce Wilquin, 2010.
  • Nous veillerons ensemble sur le sommeil des hommes, Luce Wilquin, 2012. (Sméraldine).

À consulter :

  • Lacroix, Jean. Françoise Lalande, l’écrivain aux semelles de vent. In : Lectures, n° 149, janv.-fév. 2007. p. 52-53.
  • « Femmes guerrières ». In :  Marginales, n°280, automne 2011.

Textes

Mauvaises manières

Ils étaient fruits acides de Zundert et de Charleville, et les Parisiens, en voyant ces provinciaux, croiront entendre encore le son de leurs galoches sur les routes ardennaises, le claquement de leurs sabots sur les routes romaines, admirant et méprisant leurs manières de sauvages, manières de ceux qui boivent sans regarder les autres, coudes sur la table, et qui avalent, comme on se pend, un verre de genièvre ave un verre de bière, ou qui prennent leur absinthe, cette sauge des glaciers, avec deux sucres, jusqu’à ce que la désespérance d’être soi en ce monde s’atténue ou disparaisse.