sa
Thalassa
(extrait)
Frères marins, si nous n'avons
De titres, d'or, de compte en banque
De distinctions qui se mesurent
En centiètres de rubans,
Ne possédons-nous sans partage
Les trente-deux parvis des vents.
L'Empire et les secrets des eaux
De haut en bas latitudes!
Nous possédons des océans:
Deux Atlantique et Pacifique,
Les blancs Arctique et Antactique
Et l'Indien pour faire sept.
Qui sont des portes sur la mer
Ou des portiques sur la terre
Dont nous gardons le sûr sésame
Dans notre coffre de marin:
Le Niger, l'Elbe, l'Orénoque,
Le Rhin, le Rhône, le Congo,
L'Hudson, l'Escaut, l'Oder, le Nil,
Le Sénégal et l'Amazone,
(...)
José Gers est une exception dans la poésie de Belgique: son oeuvre tout entière est consacrée à la louange de la mer. Il se peut que sa maîtrise laisse à désirer; ses évocations n'en sont que plus vraies et plus pénétrantes: ce navigateur a su dire toute la grandeur, toute l'ivresse et toute la mélancolie des escales, des départs, des aventures sans lendemain. Comme Guy Lavaud ou Louis Brauquier en France - et sans doute de manière plus poignante encore - il s'attache, s'accroche et s'écorche à son unique sujet. Ecrit à bord du Mercator; son beau livre, Thalassa, mérite une attention particulière.
Editions Traces Bruxelles 1987 "La poésie francophone de Belgique"