DEVAUX Patrick

Biographie

Né à Mouscron le 14 juillet 1953, Patrick Devaux éprouve dès l’enfance une attirance très forte pour la poésie. Élevé par ses grands-parents maternels, artisans-entrepreneurs en toiture, lesquels lui ont donné le goût de l’action et de la liberté. Sa rencontre avec la jeune poétesse Kathleen Van Melle, puis avec Paul, le père de celle-ci, qui l’intègre à ses activités littéraires, accélère une motivation vécue dans des conditions extrêmes. Poète discret pour ne pas dire timide, et volontiers enclin à la modestie, Patrick Devaux aborde progressivement dans ses thèmes tous les sujets de vie et de mort, d’ombre et de lumière. Son écriture, d’une lapidaire précision, l’impose rapidement comme une des valeurs sûres de la poésie contemporaine. Reconnu en Belgique, où il participe avec Paul Van Melle à l’aventure du G.R.I.L., il ne tarde pas à l’être dans les autres pays de la francophonie, notamment en France, où il est publié par diverses revues, dont « Les saisons du Poème », l’une des premières à lui ouvrir ses pages. Patrick Devaux est marié, père de deux enfants et grand-père de trois petits-enfants. Une carrière dans le secteur bancaire lui a donné le sens et le plaisir des contacts. Il partage son temps libre entre l’écriture, la peinture et les voyages (surtout en Asie, pays de Bouddha).

Bibliographie

  • Partage de la nuit, Éditions Le Coudrier, 2017.
  • Tant de bonheur à rendre aux fleurs, Éditions Le Coudrier, 2016.
  • Dorures légères sur l’estran. Les Carnets du Dessert de Lune, 2015.
  • La main heureuse. Éditions du Douayeul, 2012. Prix des Beffrois 2011.
  • Elle a dansé avec les loups. Littérales, 2012. Prix Littérales de Poésie 2012.
  • Les mouettes d’Ostende. Les Carnets du Dessert de Lune, 2011.
  • L’archiviste du brouillard. Éd. du G.R.I.L, 2011.
  • La route du riz. Éd. du G.R.I.L, 2009.
  • Écailles de nuit : poèmes. La Licorne, 2008. Prix d’Estieugues 2008.
  • Château de la cour des miracles. Éd. du G.R.I.L, 2008.
  • Aire de départ : poèmes. Poésie sur Seine, 2006. Prix de l’édition poétique 2006.
  • Connivences aphones. Microbe, 2005.
  • Messager de la couleur. Éd. du G.R.I.L, 2005.
  • Boutures du matin. Éd. du G.R.I.L, 2003.
  • Jusqu’à l’errance des soleils. Froissart, 2002. (Cahiers Froissart ; n°267).
  • Pause de nuit. Éd. du G.R.I.L, 2001.
  • Le contraire d’un regret. Éd. du G.R.I.L, 2001.
  • Clairières de nuit. Éd. du G.R.I.L, 2001.
  • Un prénom de rencontre : récit. Le bruit des autres, 1997.
  • Les mots imprononçables. L’Arbre à paroles, 1997. (Traverses).
  • Un peu par hasard. Préface d’Antoine Ristori. Les Saisons du poème, 1995. (Forum). Grand Prix de Poésie du Forum des poètes 1994.
  • L’homme de paille. Éd. du G.R.I.L, 1994.
  • Pastels pour une enfant volée. Prix de l’édition de la Ville de Vitrolles ; Ville de Vitrolles, 1994.
  • Monologue des sourds. Éd. du G.R.I.L, 1992.
  • Ailes de brume. Tirtonplan, 1992.
  • L’instant d’après : suivi de parabole. Éd. du G.R.I.L, 1991.
  • Ambres lunaires. Éd. du G.R.I.L, 1990.
  • Les chemins de verre. Éd. du G.R.I.L, 1989.
  • Le sourire du héron. Éd. du G.R.I.L, 1988.

Textes

Extrait de Les mouettes d’Ostende, Les carnets du Dessert de Lune, 2011. p.36.

Il faisait un temps pour des retrouvailles.

La saison avançait encore et même l’insistance des persiennes ou terrasses ouvertes sur la mer, fussent-elles parfois encore ensoleillées, n’avaient pu ralentir le relatif éloignement terrestre des rayons solaires.

Une main frottait les chaises blanches couvertes d’embruns mêlés de sable.

Un petit vent piquait aux lèvres et ce fut le prétexte de les agrémenter d’un petit « café crème ».

Le café et les glaces sont tellement bons à Ostende qu’on les dirait faits « maison ».

– Un café, s’il vous plaît, Mademoiselle.

Une bonne grosse fille de fin de saison lui apporta la tasse fumante.

Elle portait un petit tablier en dentelle lequel ne lui donnait pas vraiment l’air « sexy » ; des talons effilés la juchaient « haute sur pattes ».

Au loin, très loin, il y avait la mer et, devant elle, la lourde barrière rouillée du temps qui passe, la barrière qui vous lance des « plus jamais » à la figure comme si, dans une vie, on ne pouvait pas relire plusieurs fois le même livre, le trouvant merveilleux à chaque fois.

*

Extraits de L’archiviste du brouillard, éd. du G.R.I.L, 2011. p.15.

Lumière des collines

où s’émeut

sous une glycine

le lapin

bleu d’encre

à

l’attente d’Alice.

Rêver

jusqu’à suivre

un très vieux lapin

aux oreilles

finement dorées

de

l’étrangeté

d’une brume

à

l’horloge

rapide

Commentaires

  • Chenot, Francis. Patrick Devaux – Aire de départ. (Poésie sur Seine). In :  L’Arbre à paroles : Simonomis la langue en cure, n° 136, été 2007.

Prix de l’édition poétique 2006 de la revue Poésie sur Seine avec cette Aire de départ, Patrick Devaux, qui est un des piliers, avec le cher Paul Van Melle, de l’Inédit nouveau et des éditions du G.R.I.L., nous entraîne dans le monde froid et aseptisé des aéroports en quête d’un peu de chaleur humaine : ne sommes-nous pas « tous / d’immenses coupoles / résonant / de nos espérances »? Et « il suffit / parfois / d’un clignement de paupières // pour / maintenir / en éveil // notre ange / souterrain ». Ici, la poésie est « passagère clandestine » et « la nuit venant  // la fable lampe / tente / de lire / une langue morte // il y a / tant d’espoir // dans / l’évanescence / d’une page / jamais blanche ».

  • Guy Beyns. Patrick Devaux – Les mouettes d’Ostende. In : Reflets Wallonie-Bruxelles, n°29, juillet-sept. 2011, p. 17.

Cette nouvelle du poète que nous connaissons et apprécions depuis longtemps n’est pas éloigné des poèmes minimalistes que l’auteur nous a habitués à fréquenter. Ici encore, le narrateur, un peintre (Devaux a tâté cet art exigeant) se trouve pris entre la vie quotidienne et le rêve qui surgit en la personne d’une femme apparaissant et se dissipant tout aussitôt. Alors on se pose la question : le rêve peut-il remplacer la réalité, l’enrichir de ses espoirs? Quand l’obsession devient folie reste-t-il encore de la place pour la vie ou la création prend-elle tous les droits, même celui de nier la réalité?