DELLA FAILLE Pierre

Biographie

En 1929, il épouse à Gand Françoise de Séjournet de Rameignies dont il eut trois fils.

En 1948, il rencontre "Belle", Isabelle Vital, qui devient sa compagne, alors qu'il s'affirme simultanément dans une poésie forte et authentique.

"Sur l'autre rive de l'étang, Belle en robe rouge voltige sur son reflet

sans savoir que je l'adore, ainsi, la tête en bas

plus belle qu'elle-même sur le vertige de l'eau.

Sur cet espace, Belle affirmait sa toute-puissance, parce qu'elle était belle et que, depuis douze ans alors, nous nous aimions malgré l'aboi des meutes lâchées à nos trousses, et qui aboient encore aujourd'hui" (PdF, 1971).

En 1961, il rencontre de René Char et, en 62, de Michel de Ghelderode. Il découvre la Corse en 1963 et s'installera dans l'île vers 1970, à Serra di Tromba, Tizzano, près de Sartène, avec de brefs retours sur le continent.

Tombé gravement malade en 1983, il est assisté six semaines, jour et nuit, tandis qu'il lutte dans les limbes de l'inconscient, par sa femme qui note ses paroles, matière de son dernier recueil de poésie : "Le poète en lambeaux" (1986).

Retourné à Tizzano, il s'y éteint le 9 juin 1989.  

Bibliographie

  • Regarde l'eau noire, Bruxelles
  • Migrations, Paris, Caractères, 1955
  • Sa Majesté l'Ecorché, Idem, 1956
  • L'Homme inhabitable, Ambly, La fenêtre ardente, 1961
  • Autopsie de Sodome, id. 1964
  • Le grand alleluia, id. 1966
  • Mise à feu, Forcalquier, Robert Mortel, 1968
  • L'homme glacial, Bruxelles, J.L. Vernal, 1973
  • Requiem pour un ordinateur, Forcalquier, Robert Mortel, 1970
  • U.S.A.-S.O.S., Bruxelles, J.L. Vernal, 1973
  • Folie Robot, Paris, Saint-Germain-des-Prés, 1974
  • Cobalt John, Bruxelles, Le Cormier, 1977
  • Le mythe de Gold Archibald, idem, 1979
  • Le royaume d'eau très vaste, Saint-Jean de Losne, Th. Bouchard, 1979

Textes

Sirmione

Il faisait un soleil du tonnerre et je pensais croiser Catulle avec des filles.
Je n'ai trouvé personne, hors mon ombre courte dans les ruines.

Alors, je suis descendu contre le lac, pour y faire mon poème, et j'ai jeté
dans l'eau des pierres qui ont fait des ronds. Mais je ne sais pas s'ils ont
atteint, ces ronds, le pied de la montagne, en face.

Alleluia. Quand même.

Commentaires

Il n'y a pas d'anarchiste plus vif, plus acerbe, plus dévastateur que Pierre della Faille, poète isolé qui publie, chez de petits ou d'éphémères éditeurs, des poèmes en prose où l'on peut voir des pamphlets contre les déceptions et les misères de notre temps. Cette attitude est souvent d'une superbe santé, même s'il lui arrive, dans sa rage, de se montrer peu soucieux de la forme. Protestataire à la manière de Jacques Prévert, il y met toute sa hargne et, dirait-on, ses viscères. On peut ne pas aimer ce genre particulier: il remue le lecteur.

"La poésie francophone de Belgique (1903-1926)', Bruxelles, Editions Traces.