ARRIMAGE
Foule dans le hall,
hall de foule.
Il entre,
elle sort:
violent, le face à face.
Eux, visages arrimés.
Déjà elle pénètre dans ses yeux clairs,
impudique, sauvage,
elle pénètre jusqu’aux failles.
Et lui plonge en elle,
dans ses chairs secrètes, inconnues d’elle- même.
Audace folle et très nue.
Lancinante.
La scène dure cinq secondes.
Grain d’éternité.
Ce soir-là, une double chevelure flambe par-delà les toits,
par-delà les tours. Comète.
TOI QUI N’EST PAS ENCORE CONCU
Toi qui n’es pas encore conçu.Toi qui feras la fête dans mon ventre. Toi qui me déploie, qui me chambardes, me chamboules, toi qui me sculptes.
Tes yeux sont presque trop clairs. Tu te cambres devant le juke box. Et tes cheveux s’électrisent dans des lueurs roses et mauves. J’allume une cigarette et je rêve. Tu disparais dans des rues que je ne connais pas.
Tu me décoiffes et je t’invite à caresser ton premier tronc d’arbre. Tu t’attardes sur l’écorce, tu la renifles, tu la graves, tu la palpes encore. Le ciel nous embrasse violemment.
Je n’en reviens pas de ta consistance, de ta substance, de ta mouvance. Tu m’offres des fleurs étranges puis tu te mures dans des silences touffus.Tu te moules dans des vêtements d’ailleurs et tu fuis sur une moto pétéradante.
Je t’écris une histoire. J’écris ton histoire. Tu me souris. Tu essuies mes lèvres barbouillées de chocolat. Toute la nuit nous divaguons avec Charlélie Couture. Puis tu canardes tes tables de multiplication.
J’allume une cigarette. Tu m’alourdis et tu tisses mes ailes. Tu aimes des choses que je n’aime pas. Tu danses dans mon ventre à en crier.
tu me souffles à l’oreille: “Viens, petite, on va rentrer. Je te raccompagne. Tu es fatiguée. Tu as trop dansé.”
Toi qui a des yeux presque trop clairs.
Toi qui n’est pas encore conçu.