L'enfant triste
L'enfant triste
Qui voulait voir la mer
Cette rue où la misère
Allumait des drapeaux rouges
Les anges dans les murs
Hérissés de peur
La lessive de la neige
A la fenêtre pendue
Le printemps entre les doigts
Pour ces baisers de couleurs
Les toits du premier matin
Dégarni d'hirondelles
L'angoisse déchiffrée
Aux yeux des bêtes qu'on tue
L'herbe qui pousse entre les mots
D'une romance oubliée
Le soleil méconnaissable
Sous les verrous de l'exil
Les étoiles de la guerre
Aux manches des épouvantails
La bêtise au front fermé
La haine aux armes pointues
Des villes de sang caillé
La lumière réduite en poudre
L'innocence jetée aux chiens
Le bonheur joué aux cartes
La nuit qui rampe vers le coeur
A travers un champ de miroirs
Le silence pris à la gorge
Par l'aurore aux doigts d'épines
Toutes les années passées
A céder au désespoir
La dernière solitude
Défendue à larmes blanches
Et toute honte bue
Comme un alcool frelaté
Et les mille et une images
Aux légendes effacées
Et tout ce que je ne dis pas
Et tout ce que je ne sais plus
Il fallait peut-être cela
Pour que je reconnaisse
Et que le bonheur m'apparaisse
Sur ton visage interminable