Extraits
Mise à blanc
à Jean Mathot
Une serpe de coq
a-t-elle à peine entamé l’aube
qu’elle arbore ses geais
resserre au front
la maille de ses ronces
toute campagne ici
se voit mise en demeure
de décliner son horizon
tout défricheur
de se plier
aux tables strictes de ses lierres
***
A genoux avec lui
à tout petits pas d’ongle
tant incarné de vivre
il nous faut caresser
mesurer
la croissance des cernes
l’ascendance des rides
jusqu’au calice de l’aubier
à genoux griffe en main
(c’est notre lot
notre ouvrière liturgie
au béant livre des lignées)
il nous revient toujours
de coucher noir sur blanc
l’alphabet colossal de notre ruine
de signer notre effroi sur la page tombée
***
Par temps
de très haut dans la nuit
raclant son fiel à coups d’éclairs
nous veillons
crucifiés à la herse des mots
écharde au poing
nous tenons au rideau déchiré
à la rature de tout prodige à la face des temples
et pour nous
qui ne changeons pas l’encre
ni l’épine du père
pour nous
les vigies en prière aux marches de l’aveugle
il n’est à l’aube d’autre pardon
qu’ergots et clous de coq