Sable d’aphasie (extrait)
À quelques mensonges près, le poème reprend une étendue qui s’y insère – l’élargit, et la relance. Une jonchaie peuplée d’absurde, le ventre de la roche chauffé à blanc. Par lui déjà plus proches de leur seconde nature, de ce cri qui s’étend depuis les arcanes du soleil. Qui, modulant leurs distances, et les rejoignant, déchire la matière brute jusqu’à l’offrande, jusqu’à l’oubli. Jusqu’à ce qu’au revers de chaque pli s’annoncent le soufre et l’ancolie.
Le poème ne renferme rien qui lui soit propre. Mais, sous la sommation sans cesse réitérée d’une autre terre, il met en place et réactive à temps cela qui s’apprête à être nommé.
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Ces espaces à la base (extrait)
Tentés sur la terre qui s’écarte, sur la pierre qui rapproche, la distance désireuse de nous éconduire emprunte aux ténèbres sa part d’affrontement.
Expropriés, réduits à rien, nous redoublons pourtant d’amour pour la portée d’un sol qui nous engage. Pour la saisie d’un scintillement vérace.
Mais que pouvons-nous si la nuit subjugue, si le soleil articule ses propres sentences ?
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Les rudérales (extrait)
Que tremblent, en clair-obscur, les sources de l’advenir, dérobé et souffleur, et dans mes veines un vent soulève, déporte toutes mes matières. Je cherche. À l’autre bout, au revers désossé des invisibles. Je cherche, sans ordonnance et sans espoir, la nature de l’impact, la trajectoire fuyante de l’être aliéné que nulle parole ne peut plus abriter – cet inassimilable qui ne tient plus… Je cherche. Je cherche comme d’autres cherchent à dire les arcanes du silence que recouvre la langue, ce saisissement mutique que la parole, partie liée à la limite, accueille avec émois, prolonge sans un fracas.
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Liminaire l’ombre (extrait)
Recommencer à la place même où la parole, l’ouïe plénière, est prise et débordée de divergences, d’ambiguïtés, des aléas du sens ou d’insensé. Recommencer comme on commence à ramener la voix très près des peaux porteuses, des corps en friche, ou de l’oubli du manuscrit inénarrable. Recommencer, ou commencer à tailler dans le vent la frise d’un chant gorgé de terre et de lumière.