Textes
Poème anacréontique
Mon baiser fit passer dans ton corps un frisson :
Je te saisis la taille et, dans l'ombre embaumée,
Tu connus, tout à coup, la folle pâmoison
Des nymphes que Longus chanta l'âme enivrée.
Mes lèvres caressaient la tiédeur de ton front
Et, tandis qu'au secret de ta chair veloutée,
Mon amour s'exaltait de ton chaste abandon,
Ta main pressait la mienne au gré de la pensée.
T'en souvient-il ? Ce fut une rapide extase :
Notre bonheur s'enfuit comme l'onde d'un vase...
Mais de quel souvenir s'embauma notre coeur !
Avril chantait alors dans l'ombre des vallées
Et, de l'Occident rose aux guimpes safranées,
Le vent nous apportait un parfum de vigueur.
extrait de Les heures enchantées