STEIMBERG Alejo

Biographie

Né à Buenos Aires en 1974, Alejo Steimberg vit aujourd’hui à Bruxelles. Son recueil “p” (Vox, Bahía Blanca) est paru en 2004 et l’anthologie “¿Bélgica? Seis poetas de lengua francesa” (Vox, Bahía Blanca) – réalisée et traduite en collaboration avec Laura Calabrese – en 2007. Ses poèmes ont été publiés dans des revues et des anthologies en Argentine, en Colombie et en Belgique. Il a aussi été invité à des festivals et des cycles de poésie en Argentine, en Belgique et en France. Récemment, son court recueil “La mesa de los señores pelados” est paru dans la revue en ligne Cronopios. Un autre bref recueil, “Hilo”, paraîtra dans la revue en ligne du Centre Culturel de la Coopération Floreal Gorini. Alejo Steimberg administre le blog El teclado excéntrico, consacré à la critique en hypertexte de l’œuvre de poètes écrivant en espagnol dans des pays d’autres langues, et le groupe “La Internacional de Poesía Expatriada” (“L’Internationale de Poésie Expatriée”).

Textes

Moi aussi j’en veux un

– Sarabande-toi !
Mouille la bestiole spectrale qui, grandironflante, niche dans le nœud rugueux et grotesque de la nullité de cet œil !
Renie, iconoclastique et béni, le joug barbare, mayonnaisique et citrique qui t’affale.
Réapprends, antinomastique et tapageur enfin, les secretissimes chemins serpentants qui chatgrisent tout !
« Sois la flèche, l’arc, la corde »… Non ! Que la sauvagerie pointiphage soit ton ultime demeure !
Réverbère-toi ! Samoyède-toi, ô finlandais ; transretourne ! Remue, tartistique, la potageuse soupe oraculée ! Crache-toi et, projectilien, détruis louchistiquement le récipientesque !
Montre donc, ô paonique cimaison, la brillantissime nuque billarine ! Escrogorge-les ! Crotalise-toi ! Antinomise le nœud ! Métafige-toi ! Plonge le rétinol ! Monanolise !
Trouve le baillaton et rétrograde-le !
– Et si je dis c’est du déjà vu, votre Grandeur ?
– Merdieu, répondrai-je.
– C’est célébrissime.

(Extrait de “p”, Vox, Bahia Blanca, 2004. Traduction d’Isami Nakasone).

***
Magritte et autres Platon

Ceci
n’est pas une traduction:
c’est le poème, le vrai,
le one and only.
Le poème en espagnol,
ce n’était qu’une excuse
pour réécrire en français.
L’idée
a précédé la chose.
Mais voilà le problème :
me voilà pro-Platon
et je ne le suis point !
Qu’est-ce que je voudrais dire
si je l’osais seulement ?
Qu’en réalité le poème
n’a pas d’original,
n’a pas de traduction.
Mais ce serait pédant
et prétentieux,
et je serais obligé
de me frapper moi-même
à la figure
en descendant d’ici.
Je pourrais même confier
en empirant la chose
que j’écoutais Keith Jarreth
en écrivant ceci.
Ce serait certes vrai,
mais ON S’EN FOUT.
Il y a des choses,
mes chers,
qu’il ne fait pas bon dire.

(Inédit. Autotraduction)