Seuil
Votre maison est de pollen, de fleurs, d’abeilles,
d’ailes.
Ses parois, voilures transparentes,
sont, rayonnantes poussières,
les forces qui mènent les constellations, des ondes.
Que je repose un instant le front sur le seuil,
là où le rosier tremble de fleurir:
J’ai frappé à votre porte et c’était la porte du temps.
***
Comme Thomas, jadis, connut les plaies du Sauveur,
puis-je effleurer le Coeur au-delà du temps,
ce beau feu, cette présence, que les vents,
les jours d’ici me cachent?
Je m’affermirai pour toi,
pierr-étoile du gué dans l’espace.
-1982-
A SPERO
Spero, mon chien aux yeux bleuis des myosotis de l’âge
en songe envolons-nous vers la pourpre des hêtres.
Qui passe par là, passe si tard dans l’allée
parmi les corps souffrants des arbres
dont les bras gémissent et se brisent?
Entendez-vous mon chien, percevez-vous la douleur des corps
souffrants?
La grande âme animale le ressent et nous accompagne.
Mais qui passe ici si tard, Compagnon?
Est-ce une âme égarée qui appelle?
Sont-ce nos petits frères les oiseaux de la forêt proche?
Dans leur nid, ils tremblent de remonter les vents.
Le 8 mars 2005
A Jocelyne Philippart et Michel Durgtel
ORIOR
Les perce-neige portent une promesse.
Giboulées d’avril, elles renaissent autour du puits
proche d’un petit sous-bois au sol doux
recouvert d’aiguilles de sapin
entre rameaux et ciel,
l’âne sensible – et que les vieux disaient un peu devin –
aimait se reposer là, songer en mâchant les écorces
au bord de la margelle
encerclée des longues feuilles d’un vert transparent,
feuilles sources, corolles neige d’une blancheur infinie.
La foulée, les sabots ne les effleuraient pas
Quand le soleil s’avançait au travers des branches jumelles du
noyer, blondissait le linteau,
l’ancienne couturière disait “au revoir”,
s’en allait sous les arbres.
Elle se penchait sur la couronne de larmes,
émerveillée par sa lumière,
signe de la lumière en ce monde,
de la limpidité originelle.
L’âme attend ce soudain pressentiment.
La promesse de l’herbe la soutient. L’âme reprend souffle –
L’élan des floraisons répond au jaillissement des oiseaux.
Oiseaux inspirés par les astres,
illuminés par le sens, le fil brillant de leur chemin,
ils portent la chaleur du sang vivant par delà les glaciers.
L’esprit s’élève, se confie à vous, être légers.
Je m’appuie à vous, très hauts oiseaux
Le soir, l’obscurité soufflait dans les haies.
Tout respirait sa sombre présence.
Je cherchais le sentier de la maison sans le découvrir.
Les racines du frêne s’allongeaient à la surface
composant d’étroits espaces mais je les abandonnai,
m’enfonçais dans la fourrure des pins,
ils me retenaient, s’aggripaient à moi.
Je trébuchais sur des dalles séculaires.
Seule une enfant peut me sauver
Son pas heureux, les griffes du grand chien résonnent sur la pierre.
La main de l’enfant me remène au seuil éclairé.
Juillet 2003, à Matteo et Antoine