Plus d’un texte d’André Sempoux (1935) témoigne dans sa simplicité et dans sa minutieuse fidélité aux êtres et aux choses du monde, du pouvoir singulier qui se dégage du poème dans ces conditions. Celui qui a su écrire fait éprouver dans l’instant à la fois le mystère et les promesses du temps. Les poèmes de Ténèbre et d’autres recueils sont de cette veine (in : Bruxelles Poésie, Amay : Editions L’arbre à Parloles, 2000).
André Sempoux (…) assume pleinement la définition qu’il donne du nouvelliste : l’auteur ne peut être détaché de son personnage, se prolonge dans le narrateur qu’il met en place. Sa personnalité littéraire se marque par un rapport particulier à l’Italie : dans Italie, poussière du temps il fait effleurer, tout en douceur et en parfums, au lecteur la richesse de son histoire et de ses paysages, par l’intermédiaire d’un court moment d’une vie ou de portraits. L’Italie, lieu de sa première expérience dans la vie sociale (de bibliothécaire), le fascine toujours maintenant comme source de richesse inépuisable. En abordant l’Histoire résolument de biais, c’est-à-dire selon un point de vue particulier, selon une compréhension, voire une interprétation singulière, il enclenche une prise de distance (…) : le narrateur du Dévoreur en l’occurrence ne parvient pas à se défaire totalement du poids écrasant des adhérences de son père : malgré lui, arrivent à la surface de sa conscience des bribes de « l’éducation » que son père voulait faire passer – vraisemblablement en suivant le penchant inconscient d’identification du fils au père (…). ILe narrateur est sans doute lui-même un peu empreint du caractère fasciste de celui qu’il rejette le plus au monde. Le lecteur-modèle (U. Eco), en « vivant » lui aussi un peu de ce que vit le protagoniste, ‘fils de fasciste’, relativise (au sens de prendre distance) la conception un peu caricaturale, univoque, qu’il avait de la Deuxième Guerre mondiale. Il y a d’autres visions, d’autres interprétations possibles sur le même événement historique, le but ici n’étant pas de trancher sur la question de la vérité. http://www.oboulo.com/andre-sempoux-53749.html
Carnet-refuge d’un temps où la culture italienne sous contrôle (TV, Istituti, etc.) se contorsionnait comme le serpent du conte, susurrant : « Ayez confiance ». Et surtout, traduction d’Antonio Tabucchi : « Ne pensez plus ». L’Italie, celle d’hier qui fait rêver, celle d’aujourd’hui qui met l’auteur en colère, mais toujours en de courtes nouvelles, ciselées de main de maître. (A propos de : Le blues du train de nuit).