Vivre est pour moi une joie immense
Quand à l’aube de chaque jour s’invite sur mes lèvres
un mot
Capable de nier toute réalité au monde
Et de prendre comme un feu dans l’enceinte d’un poème
Venu chanter en moi celui que je ne suis pas encore
*
Bientôt minuit
J’aperçois mon fantôme à la fenêtre
Fait mine de lui demander quelle heure il pourrait être
Et au moment où il frotte une allumette pour regarder sa montre
L’air s’emplit d’une lueur qui me convoque en silence
De l’autre côté de la vie
*
Sur des fragments de totems
Nous gravons des messages
Et quand les sorciers pénètrent dans le cercle de la danse
nous fermons les yeux
Pour recevoir tous les bienfaits d’une pensée
S’en allant d’un pas léger
Réveiller l’inconnu pour toujours
*
Assis Les muscles tendus
Face à la lampe par où filtre un au-delà intense
Je frappe à la porte d’un silence respectueux de l’énigme
qui court au milieu de moi-même
Et tout heureux d’appartenir à l’illimité
J’attends de voir comment la terre et le temps se font autres
*
Dans une rue du bord de mer
Les retombées de la lumière sont incalculables
Quand au seuil d’une journée toute neuve
Les ailes de ton regard passent en silence près d’une vague
Dont le bel œil bleu attend fiévreusement la parole de l’extase
*
Il y a dans tout homme un secret inespéré
Qui s’étire dans le vide de sa poitrine
Comme une force souterraine et magique
Pour mettre fin à son exil intérieur
Et lui faire signe qu’il est l’heure de naître
*
Au centre de ma vie danse un poème
Qui ne te quitte pas des yeux
Et réécrit à chaque instant sur ton cœur
l’histoire d’un souffle
Dérivant rien que pour le plaisir
Dans l’altitude d’un baiser
*
J’ai trouvé au fond de ma poche un hiéroglyphe
Où il est question de moi et de la lune
Comme je ne sais pas lire
Je l’ai exposé quelques secondes au vent du large
En espérant que son mystère laisse parler en moi
Quelque chose qui ne s’est encore jamais présenté à mes yeux
*
Eveillé par l’amour
Ton visage est à lui seul un pays où marche le printemps
Et quand je pars à la découverte de cet espace aux mille présages
Les images du soleil se multiplient autour de moi
entrent dans ma vie entière
Pour qu’à l’aube de chaque jour
Quoiqu’il arrive tu me regardes
*
Que faire d’une minute de silence
Sur laquelle l’infini a déroulé ses fantasmes ?
C’est la question que je me posais l’autre jour
En regardant par la fenêtre d’un poème
Qui sait sur cette terre qui je suis