sa SCHROVEN Pierre - Maison de la poésie et de la langue française de Namur

SCHROVEN Pierre

Biographie

Poète et critique, Pierre Schroven est né à Charleroi. Il travaille à la Région Wallonne (Namur) et a une formation de bibliothécaire-documentaliste dans le cadre de laquelle il a organisé des ateliers d’écriture en collaboration avec des écoles, des musées et maisons des jeunes afin de promouvoir la lecture dans les milieux socialement défavorisés. Il a collaboré autrefois à la revue “Regart” (avec la regrettée Mimy Kinet et Claude Donnay). Enfin, il fait partie du Conseil d’Administration et du Conseil d’Edition de la Maison de la poésie d’Amay.

Bibliographie

Recueils

  • Paupières-marées, L’Arbre à paroles, 1992.
  • Toi, l’instant, L’Arbre à paroles, 2000.
  • Contre-jours, L’Arbre à paroles, 2002.
  • Etats d’âme d’un feu, L’Arbre à paroles, 2003.
  • Matière d’énigme, L’Arbre à paroles, 2004.
  • Chemins du possible, L’Arbre à paroles, 2005.
  • Preuves de la vie même, L’Arbre à paroles, 2009.
  • Dans ce qui nous danse, L’Arbre à paroles, 2011.
  • Autour d’un corps vivant, L’Arbre à paroles, 2014.
  • Haute voltige d’une présence sans nom, L’Arbre à paroles, 2017.
  • Ici, L’Arbre à paroles, 2021 (Prix Jean Kobs 2021).
  • La merveille d’être là, L’Arbre à paroles, 2024.
En revues
  • Revue de l’Arbre à Paroles
  • Journal des Poètes
  • Mensuel littéraire poétique
  • Non-Dit
  • Inédit nouveau
  • Le Spantole
  • Rétro-viseur
Divers
Participation au Festival International de Poésie de Trois-Rivières (Québec) en 2005 et 2011.

Textes

Vivre est pour moi une joie immense
Quand à l’aube de chaque jour s’invite sur mes lèvres
                                                                     un mot
Capable de nier toute réalité au monde
Et de prendre comme un feu dans l’enceinte d’un poème
Venu chanter en moi celui que je ne suis pas encore
*
Bientôt minuit
J’aperçois mon fantôme à la fenêtre
Fait mine de lui demander quelle heure il pourrait être
Et au moment où il frotte une allumette pour regarder sa montre
L’air s’emplit d’une lueur qui me convoque en silence
De l’autre côté de la vie
*
Sur des fragments de totems
Nous gravons des messages
Et quand les sorciers pénètrent dans le cercle de la danse
                                                       nous fermons les yeux
Pour recevoir tous les bienfaits d’une pensée
S’en allant d’un pas léger
Réveiller l’inconnu pour toujours
*
Assis Les muscles tendus
Face à la lampe par où filtre un au-delà intense
Je frappe à la porte d’un silence respectueux de l’énigme
                                      qui court au milieu de moi-même
Et tout heureux d’appartenir à l’illimité
J’attends de voir comment la terre et le temps se font autres
*
Dans une rue du bord de mer
Les retombées de la lumière sont incalculables
Quand au seuil d’une journée toute neuve
Les ailes de ton regard passent en silence près d’une vague
Dont le bel œil bleu attend fiévreusement la parole de l’extase
*
Il y a dans tout homme un secret inespéré
Qui s’étire dans le vide de sa poitrine
Comme une force souterraine et magique
Pour mettre fin à son exil intérieur
Et lui faire signe qu’il est l’heure de naître
*
Au centre de ma vie danse un poème
Qui ne te quitte pas des yeux
Et réécrit à chaque instant sur ton cœur
                            l’histoire d’un souffle
Dérivant rien que pour le plaisir
Dans l’altitude d’un baiser
*                                   
J’ai trouvé au fond de ma poche un hiéroglyphe
Où il est question de moi et de la lune
Comme je ne sais pas lire
Je l’ai exposé quelques secondes au vent du large
En espérant que son mystère laisse parler en moi
Quelque chose qui ne s’est encore jamais présenté à mes yeux
*
Eveillé par l’amour
Ton visage est à lui seul un pays où marche le printemps
Et quand je pars à la découverte de cet espace aux mille présages
Les images du soleil se multiplient autour de moi
     entrent dans ma vie entière
Pour qu’à l’aube de chaque jour
Quoiqu’il arrive tu me regardes
*
Que faire d’une minute de silence
Sur laquelle l’infini a déroulé ses fantasmes ?
C’est la question que je me posais l’autre jour
En regardant par la fenêtre d’un poème
Qui sait sur cette terre qui je suis

                                

Commentaires

Une écriture par flashs, images toujours un peu décalées, écriture tremblée qui ouvre sur des arrières-pays mentaux, qui n’a rien oublié de la leçon surréaliste originelle.
Eric Brogniet in « Le Journal des Poètes »
 *
Pierre Schroven magnifie l’espace en même temps que l’esthétisme d’une pénombre habitée qu’il sait privilégier dans un travail se voulant résolument original. Et y parvenant, tant ses préoccupations le destinent à fréquenter des sentiers très éloignés des autoroutes de la tradition et de l’habitude.
Jean Chatard in « Traces »
 *
Pierre Schroven se plaît à la concision, à la concentration, à l’image qui porte une intensité de vision, de sentiment, de pulsion même…C’ est l’art du haiku à l’occidentale, bien sûr, avec un humour, une ironie néanmoins très fins, avec parfois une sorte de grincement inattendu qui participe au rythme.
André Miguel in « Le journal des Poètes »
 *
Il semble que Schroven met en scène les paysages de sa vie intérieure pour déjouer les certitudes du « mur étroit des apparences » de la réalité.
Jean Simonomis in « Les hommes sans épaules »
 *
L’écriture de Pierre Schroven est de ce seul ordre véritablement poétique car il possède l’art du vers et de l’image et atteint une sorte d’incantation qui permet d’accéder à un sens existentiel qui réussit à nous enrichir et à nous apaiser. L’œuvre du poète belge, sans doute parce qu’elle ne cherche ni à raconter ni à enseigner suit chez lui sa propre vocation à l’écart des autres genres littéraires. Il existe là une passion d’excellence affranchie de toute l’obligation autre que le poème lui-même et de son cri modulé afin d’exhausser une écriture de vérité intérieure. L’auteur ne doit ainsi des comptes ni à la société, ni aux croyances ni aux savoirs mais à la vie.

JP Gavard-Perret in « Traversées »