SCHAUS Robert

Biographie

Né à Nieder-Emmels (St. Vith) en 1939 et décédé le 8 janvier 2015. A enseigné successivement les langues germaniques à Auvelais, Kinshasa, Eupen et Stavelot.

Publications en français et en allemand dans des revues et anthologies.

Nombreuses lectures (Berlin, Cologne, Bruxelles, Aachen, Liège, Trier, Luxemburg, Saarbrücken, Dornbirn, Leuven …). Traduction de poésie contemporaine.

À partir de 1990, a commencé son travail de plasticien.

Bibliographie

Recueils poétiques

  • Parmi les cris / 1972 / St. Germain des Prés / Paris.
  • La fin d’un homme heureux / 1980 / ARCAM / Paris.
  • Tu fouilleras le ventre du temps / 1984 / ARCAM / Paris.
  • Es schließt sich der Kreis / 1985 / GE-Verlag / Eupen.
  • L’écho des jours qui passent / 1988 / chez l’auteur.
  • Wir werden einander an den Narben erkennen / 1992 / édition Krautgarten / GE-Verlag / Eupen.
  • Das Gedächtnis der wilden Früchte / 1998 / édition Krautgarten / St. Vith.
  • Het geheugen van de wilden vruchten / Traduc. Nl. / 2001 / Zegwerk / Gent.
  • Toucher simple bleu / 2001 / Tétras Lyre.
  • Liliputaner der Liebe / 2004 / édition Krautgarten.
  • Das Floß / 2007 / édition Krautgarten / St. Vith.
  • “Tu est là”… / Les éditions de l’écrit au livre/ Nantes/ 2010.

 

Textes

Nous étions
sans le sous
ainsi
nous n’eûmes pas
le temps
de nous aimer
car time is monnaie
comme chacun
le sait

Par le rouge le jaune
par le bleu
je veux
que cet instant
ce lieu se confondent
en nous deux

Nous gagnons
dans le désordre
un soir un matin
une nuit
un sourire quelques gestes
la bouche les lèvres
l’espace entre
nos bras et nos mains

Tirer
langue
tirer doigts
fil et aiguille
jolie fille
sous la couverture
à soi

Tendre
eau
tendre
vin
un morceau
de pain
au-dessus
de la table
tendre
la main

Ce lieu dérisoire
auquel j’arrime
ma carcasse
passe un chien
qui n’aboit
rien que pour moi
je suis la route
qui borde mes pas
on me dit être
sur la bonne voie

A présent
je sais la mémoire
du ventre
convoite le silence
jusque dans
les articulations
des doigts
je m’attarde sous
les paupières
sous la peau
sur une feuille blanche
les mots je les dédie
aux nuages aux vents
à l’écume sur la vague
et dans ma bouche s’étiole
une saveur
qui seule m’appartient

J’extirpe
flèches et fléchettes
quelques souillures
quotidiennes
de mon corps
de celui qui me respire
m’expire m’aspire
allongé sur ses milliers
d’années d’attente
quand plonge ma main
dans le tumulte
des objets des mots
des gestes sans issues
et découvre sur
la paroi du poème
cette infime fissure
par laquelle
s’infiltre la vie

Inédits

Commentaires

« Une grande sobriété de langage -« économie du verbe » … « pas un mot de trop » – nous a toujours frappé chez Robert Schaus. Sans doute sert-elle la puissance de l’image. »
Charles-Henri Sieffert.

« Ce temps que l’on perd, dont nous sommes les sabliers mobiles, ce temps qui nous aiguillonne de ratures en ruptures, ce temps qui use nos rêves jusqu’à l’indifférence, ce temps, Robert Schaus l’organise comme des séquences cinématographiques, le jalonne de textes courts qui ressemblent à des pierres d’encre. »
Gaëtan Lodomez

« La densité n’est pas créée, ni par l ‘éloquence, ni par le beau mot. »
Gaspard Hons

« En poésie, Robert Schaus est un sculpteur lent, patient, scrupuleux, très attentif à la forme,…attaché à la sobriété et à la véracité. »
Bruno Kartheuser

« La condensation linguistique des textes ne facilite certes pas sa compréhension, toutefois, le laconisme du style et l’économie calculée lors de l’utilisation des qualificatifs profitent à la qualité littéraire des textes. »
Prof. Wilhelm Richard Berger

« Il est impressionnant de constater comment la distance n’est pas créée par des moyens grammaticaux, mais par une ironie parfois tendre, parfois mordante, parfois sanglante, tout en laissant transparaître la grande affection, sans la moindre sentimentalité toutefois, que l’auteur porte à ce monde du souvenir. »
Prof. E. Pastor

« La complexité du dire de Robert Schaus n’est pas le langage en lui-même, ni la construction de la phrase ou le choix des mots, mais le positionnement du mot vis à vis de autre, l’ajustement, la confrontation entre les termes utilisés »
Michael Lipka

« La mise en relation des mots fait surgir des images, crée des champs magnétiques desquels naît  un monde sensuel, tangible, intuitivement perceptible, qui se superpose à la signification des mots proprement dit, au point de les faire disparaître »
Alfred Strasser / Lille