Textes
A thibaut B
Un poème ennemi
Continue à se détruire en toi
Les mots blessés se transforment en rivière
Et balaient d'oubli les années et les jours
Reniés par l'enfance
Ne sois pas inquiet, Thibaut !
La poésie ne réclame jamis la partition d'une vie
Que nous n'avons pas reçue en offrande
Vous l'ignorez mais
On trouve toujoursles cadavres des poètes
Ejectés sur la rive
D'une oeuvre inachevée
Ce soir donc, je serai un poète
Docile
Je ne parleri pas,
Je dormirai toute la nuit,
Je mangerai mon repas
Un tout petit poète mort,
Obéissant,
Soumis à votre bon vouloir,
D'aucune révolte
Pensez au plaisir que vous ressentirez
A me ressusciter !
Ecrit dans l'absence
Le poème la rend encore plus présente
Peu à peu je me désapprends
Jusqu'à ne plus avoir besoin
De me reconnaître
Humble coquillage
Qui a entendu la mer
Et a appris sa chanson,
Reconstruis ta maison
Sur les fondations solides
Du chant lumineux
De ton premier enfantement
Endors-toi mon enfant,
A Constantinople
J'ai envoyé les colporteurs
Pour acquérir
Tes Habits d'or....
Dans l'amour d'un monde entier
Je bâyis un abri avec les mots de septembre
Qui épellent le long hiver qui s'annonce
Je monte le toit avec la ferveur collestée
Dans les prières silencieuses
Des amants du possible
Un arc-en-ciel déteint
Par vos larmes
Indique l'emplacement du bonheur
Au coeur de mon âtre
Taisez-vous !
Les chants de mon enfance s'endorment
Dans les bras d'un homme égaré
Qui les avait oubliés
Un marécage de petits esprits, le jour
Un troupeau dispersé, les instants de bonheur
Qui paissent le long des rives du fleuve
Serein quant à l'issue de voyage
J'ai tellement semé vos pluuies
Si souvent pleuré vos déceptions
Qu'il parviendra, je suis sûr,
Jusqu'à l'océan
Déjà la salinité de la mer conquiert ma bouche
extrait de Le temps, le fleuve, la mémoire.