Raïna est le pseudonyme de Paule Malgaud, née en 1915. Auteur d'une ouvre abondante, elle tire de l'expérience Dada et de la lecture de Paul Neuhuys un goût particulier pour l'étrange dérision. Le dandysme de la narratrice nous fait rencontrer des êtres légers, falots, à peine entrevus et déjà estompés, vivants mais comme aspirés dans un paysage de luxe où le mouvement des objets est plus révélateur que les troubles du comportement. Le style est élégant, quelquefois elliptique et sollicite l'attention du lecteur par un rien d'affétrie, comme si l'accès à la poésie était seconde à la juste obsérvance des règles d'un jeu social où la vérité des êtres est tout en surface. Raina nous emmène en Anletree (Erodie), à Venis (Les enfants d'Idumée), à Villefranche (Aller-retour) où de l'hôtel à la ville, l'auteur jette un regard de voyageur oisif et amusé sur les rues, les arbres, les courses libres à la cocarde (Les fêtes d'Arles). Apparaît alors une bourgeoise aisée, disponible, qui inspire au poète des considérations légères sur la vie, sur les villes qui "assassinent le poète", sur le temps qui passe. Très rarement, une confidence peut-être plus amère "J'ai peur d'un tas de gens qui bousculent mon rêve". Telle est Raïna dans un paysage mondain, attentive à capter les dialogues, soucieuse de l'étrangeté des choses bien plus que de l'ordre apparent du monde, fascinée par la métamorphose d'une jeune fille (Erotidie) comme par la beauté d'un mas provençal ou la ténuité de sa propre marche: "Mes pas / Dans le sable / Et puis / Plus rien". Petits tableaux mondains où le sourire n'est pas absent, pièces généralement courtes où effleure ici et là une certaine gravité. Les mots de couleur son nombreux, les petites proses suivent des pièces éclatées. Une poésie un peu mince en définitive mais qui vaut davantage par le climat dont s'imprègnent les choses que par l'évolution des choses elles-mêmes, ou de leur destinée.
Source bibliographique:
Frickx, Robert.Trousson, Raymond. Lettre française de Belgique : la poésie. Duculot, 1988. (Dctionnaire des oeuvres, II).