PURNELLE Sarah-Yeelen

Biographie

Sarah-Yeelen Purnelle est née en 1989 et a passé les 18 premières années de sa vie au Gabon. Elle est ensuite rentrée en Belgique pour suivre des études en tant qu’éducatrice spécialisée en accompagnement psycho-éducatif. Elle a, par la suite, principalement travaillé avec des enfants autistes, psychotiques, et dans l’accompagnement en fin de vie.
Elle a obtenu le premier prix du concours « écriture sur image » en Afrique en 2004 et participe régulièrement à des scènes ouvertes de slam, d’expression poétique, et de déclamation. Lauréate du deuxième prix au concours de slam «  Ecobxl » en 2012, l’un de ses textes («  L’étranger »)  a été publié dans le magazine d’art trimestriel «  Vis-à-vie du théâtre de la vie », à Bruxelles. Certains de ses textes ont été enregistrés en live sur 48 fm à la CLLIC, émission d’expression poétique.
En 2014, elle a publié un recueil de poèmes intitulé «  Derrière la pluie, les lucioles », qui évoque la difficulté à se positionner en tant qu’humain, corps et âme, face à un monde à la fois cruel et merveilleux. Un voyage à travers la solitude de l’homme, à la recherche de sa place dans l’univers. Les limites de la liberté établies par la société, sont repoussées à travers cette recherche de la liberté. La fragilité de l’homme devient sa force, et sa force devient fragilité.
Sarah-Yeelen Purnelle a un intérêt particulier pour l’écriture de nouvelles et poésies, pour la photographie, le théâtre et les voyages. À la découverte de nouvelles cultures, de nouveaux visages, de nouvelles expériences, de vie et d’inspirations, elle a voyagé en Afrique, en Asie, en Europe. À la recherche des choses simples et vraies.

Bibliographie

Textes

Mon soleil noir
Chaque jour qui passe est comme un soleil dans lequel je me perds.
Ce soir j’apprends ta joie pour les voyages que je vis
Et les lunes que je compte.
Nous ne nous connaissons pas encore
Et je sais déjà compter les rythmes des battements de ton cœur,
Quand ton corps danse dans la mer.
Et le clair de tes yeux qui souffre comme une nuit sans étoiles.
Je sais déjà les lieux que tu n’as pas connus,
Et que tu aimerais connaître
Avec moi quelque part
Comme une liberté que tu m’as prise et que je t’ai donnée.
Je sais déjà les sons que tu vas me siffler quand je m’éloignerai du bord
Et que de ton corps, tu frôleras les soleils des solitudes amères.
Je sais ton corps par cœur
Sans aucun corps à corps.
Une nuit dans ta peau
Et je suis un soleil
Qui échappe à la terre des solitudes amères.
Combien de temps me faudra-t-il
Pour devenir cette femme, qui n’est plus une enfant.
J’entends tes mots qui parlent, et le bout de tes doigts
Qui chuchotent à mon corps,
De faire tourner tes mains.
Comme une roue, sur un sein blanc.
Je deviens un soleil.
Tu presses ma peau,
Orange.
Je sue de toi
Les gouttes tombent. Ça ressemble à la pluie.
Ou à quelque chose que je ne connais pas.
Un étrange courant d’air,
Est rentré dans mes os.
Et de tes silences,
Sortent tous les mots.
Aussi, ceux, que je n’ai jamais osé attendre.
Je t’entends crier sans voix
Et je te vois dans la pénombre
Comme une lune bleue dans un soleil d’argent.
Où sont tes mots ?
Où est passée ta voix ?
Où sont tes billes noires de verre ?
Dans quel coin tombent tes fossettes, de rire ?
Où caches-tu ton corps ?
Dans quel océan te noies-tu quand je ne suis pas là ?
Et je vois tes yeux qui nagent avec le temps.
Ton corps qui froisse au soleil
Comme un abîme de solitude.
Et tu photographies la mer
Tel, une lumière qui a peur de la terre
Dans tes ongles avec lesquels tu as creusé,
Coulent les sourires que tu as eus pour moi.
Image du temps, je te retrouverai
Je parcourrai les océans
Pour retrouver,
Peut-être,
Ne serait-ce que le flou d’une image de toi
Quand des profondeurs, je fixe le soleil.
Et je tournerai
Sur moi-même.
Jusqu’à confondre la Terre
Et le soleil.
*
Me olvido
J’ai oublié le temps qu’il m’a fallu pour t’aimer.
Celui que le temps m’a pris pour te dés-aimer.
La toile sur laquelle j’aurais voulu te peindre
Aux rythmes de tes sourires qui m’ont fait devenir moindre.
Je me souviens du temps où je cherchais ton corps.
Les nuits à la bougie je te crus parfois mort.
Je m’évanouissais presque à cadrer les fenêtres,
Les soirs des insomnies dont tu étais le maître.
Mes jambes ne suivaient plus.
Mes mains traînaient à terre.
Je devenais un peu sale, à aimer la poussière.
Je guettais ton ombre
Et m’accrochais aux portes.
Mes seins devenaient secs à ne plus donner d’amour.
Je broyais les pinceaux,
Renversais l’eau des couleurs,
En caressant les murs.
Je me nourrissais au lait.
Matin.
Midi.
Et soir.
En écoutant le bruit de la musique éteinte
Qui faisait dans ma tête comme une chose macabre.
Je mettais les rideaux noirs.
Aux portes, et aux fenêtres.
Aux fenêtres, pour ne plus voir le jour.
Aux portes, pour oublier de te chercher dans les serrures.
Et encore aux fenêtres
Pour ne pas croire ton ombre la nuit
Quand je suis l’insomniaque
Qui te guette aux bougies.
Et de fils et de ficelles,
Et de temps et d’aiguilles,
J’aurais voulu te coudre
Au bout de mes seins pâles.
Faire devenir de toi,
Ma lumière aux cymbales.