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Jeux de circonstance
Trente-six jours que nous roulons,
Le train concasse un air sans âge,
Beaucoup plus de mouches que d'ombre,
Avons le mal du paysage.
_ Pourriez-vous me dire, ma chère,
Où se trouve l'embarcadère
Des objets perdus?
Ah ! la lumière est trop parfaite !
Ah ! tout devient trop difficile !
Que m'importe la vie à naître
Si je n'y puis trouver asile
Pour mes songes qui ne sont plus?
René Purnal n'a publié des poèmes, en nombre limité, qu'entre 1921 et 1925. C'est un poète d'époque, très caractéristique. L'esprit Dada l'influence par instants, avec ses révoltes et son nihilisme. Mais on le sent tenté par ce que va devenir le surréalisme: l'image onirique et l'insolence du premier Aragon. On lui trouve aussi des échos de Max Jacob, d'André Salmon et de Jean Cocteau: de l'allégresse et des chapeaux pointus. Quant au goût de l'ailleurs, il lui vient de Larbaud et de Paul Morand. Ce cocktail _ pour reprendre le titre de son livre le moins oublié _ laisse comme un arrière-goût de charme désuet.
Editions Traces Bruxelles 1987 "La poésie francophone de Belgique"