Le poète
Le poète
Est subtil comme un fermier,
Franc comme un philosophe,
Doux comme du papier de verre,
Rude comme de l’ouate,
Léger comme du plomb,
Lourd comme une plume,
Mat comme la mer,
Etincelant comme du bois,
Pétillant comme de l’eau,
Svelte comme un éléphant,
Souple comme une canne,
Sombre comme un linceul,
Noir comme une robe de mariée,
Blanc comme une soutane,
Sensible comme un assassin,
Cruel comme une jeune fille.
Le poète,
C’est en somme un éternel contraste,
Entre la douceur de vivre,
Et la difficulté à se nourrir.
Entre la jeunesse fringante
Et la sage vieillesse.
Le poète,
C’est quelqu’un qui n’est jamais sorti
De l’âge ingrat,
Qui n’est ni jeune, ni vieux,
Ni chaud, ni froid,
Ni pour, ni contre,
Ni tout, ni rien,
Ni heureux, ni malheureux,
Ni triste, ni joyeux.
Le poète,
C’est l’homme au coeur d’enfant,
Ou l’enfant au corps d’homme.
C’est celui
Qui peut s’émerveiller,
Qui n’est pas blasé,
Qui sait rire,
Espérer,
Pleurer,
Sentir l’amour,
Vivre l’amitié,
Chanter ses sentiments,
Vibrer au moindre cri d’un nouveau né.
Le poète,
C’est un être indéfinissable,
Qui ne se connaît pas,
Qu’on ne peut connai^tre.
Mais que tous, nous aimons,
Parce qu’il dit
Simplement
Loyalement
Proprement
Ce que nous ressentons.
extrait de boulversements intérieurs