Paul Palgen naît en 1883 à Audun-le-Tiche, en Lorraine. Ses parents appartiennent à de vieilles familles luxembourgeoises, bien que son père, ingénieur, soit né à Paris. Paul passe son enfance en «terre rouge», à Hussigny-Godbrange (Meurthe-et-Moselle). Il fréquente l’Athénée de Luxembourg. Après ses études à l’Université de Louvain, sa carrière d’ingénieur le fixe successivement en Allemagne, à Luxembourg, au Brésil, et, depuis 1925, à Liège, au service des Aciéries et Hauts Fourneaux d’Ougrée. Il vivra à Liège jusqu’à sa mort, en 1966.
Les circonstances à la fois professionnelles et historiques vont permettre à la personnalité de Paul Palgen de s’épanouir et, concomitamment, à son oeuvre littéraire de naître. En effet, deux de ses volumes de poésies, Les seuils noirs (1919) et Réveil à minuit (1948), sont inspirés essentiellement par les guerres mondiales, les horreurs des massacres et la souffrance des hommes. Un recueil, Guanabara, naît du séjour au Brésil, de l’enthousiasme que communique au poète la découverte d’un monde nouveau, étrange. La pourpre sur les crassiers porte plus directement l’empreinte de l’expérience personnelle de l’ingénieur : le monde moderne, celui des usines, des machines, des cités ouvrières. C’est dans les oeuvres de jeunesse et d’âge mûr que le poème est le plus personnel, moins anecdotique qu’expression de sentiments, de rêve et de méditation.
Si la biographie de Paul Palgen est ainsi constituée surtout des jalons que sont ses oeuvres, sa vie, plus discrète, plus retirée que celle de son ami Marcel Noppeney, est pourtant sensible aux événements sociaux et politiques. Il est résistant des deux guerres. En 1914, il sera expulsé du territoire allemand, après avoir été en prison. Plutôt que patriote belge, français ou luxembourgeois, il aura été l’homme qui s’élève contre la barbarie de l’invasion et de la guerre. Son frère tombe au combat contre l’envahisseur allemand. Paul Palgen souffre en poète sensible avec les victimes du jeu de massacre. Je considérerais volontiers Paul Palgen comme un poète sans frontières : par sa vie il appartient à une région qui englobe la Wallonie, la Lorraine et le Grand-Duché de Luxembourg, par son oeuvre il s’ouvre sur le monde. Or, nous autres, grand-ducaux, nous aimons le réclamer comme nôtre. Il a été si constamment mêlé à la vie littéraire de chez nous, que nous pensons avoir raison de le considérer comme un poète luxembourgeois. Il avait vingt-quatre ans, en 1907, quand fut fondée la revue de Littérature et d’Art Floréal : avec le groupe des Von Duren, Esch, Hansen, Noppeney, Reiser, Ries et Tresch, il s’occupe de la partie française de la rédaction.
En 1934, il est parmi les membres fondateurs de la S.E.L.F. (Société des Ecrivains Luxembourgeois de Langue française). Il sera un ami fidèle des Pages de la S.E.L.F., actif dans la poursuite des buts de cette société, la représentant à l’étranger, en étroite relation avec le président Marcel Noppeney, l’ami avec qui il correspond régulièrement.
Paul Palgen, un Luxembourgeois très internationaliste, d’expérience, de sensibilité, d’intention, belge d’imagination, français de culture et luxembourgeois de coeur et d’esprit.