PAIROUX Nicole

Biographie

Nicole Pairoux est née le 29 juin 1936,  à Leignon en Condroz. Elle passe son enfance à la campagne, dans une nature qui la comble, et qui lui inspire ses premiers petits poèmes. A 12 ans, quittant cet endroit magique, elle sort son premier “vrai” poème : “Adieu au pays d’enfance”. Adolescente, Nicole Pairoux écrira de nombreux poèmes non-publiés.   En 1956, elle obtient son diplôme d’institutrice niveau primaire et se consacre à l’enseignement pendant 20 ans. Parallèlement, elle se passionne pour le théatre et la chanson française.

En 1968, avec le groupe de “poésie” né à la Maison de la Culture de Namur, sous l’impulsion dynamique de la poétesse-écrivaine Louise-Marie Danhaive, elle participe à des récitals à titre d’auteur et d’interprète.

En 1977, elle quitte l’enseignement pour se consacrer au théâtre et puis, rapidement, à la chanson française. Elle découvre la langue internationale Espéranto et, à partir de 1982, elle commence à chanter dans les 2 langues, français-espéranto.
S’ensuit, pendant plusieurs années, une période de tournées à travers l’Europe : l’écriture poétique se met en veilleuse.  De 1996 à ce jour, Nicole Pairoux anime des rencontres et ateliers de Chant (Chants de diverses origines et Chants Sacrés de l’Inde, les Mantras).

Bibliographie

  • Au fil de l’an, recueil poétique pour enfants. Namur : Editions Wesmael-Charlier, 1964.
  • De 1966 à 1969 : “Prose poétique”. In : Le Rail. (Pas éditée).
  • Recueil de 9 Contes pour enfants. (Pas édité).
  • La Cinquième Saison, recueil poétique pour adultes. Namur : Editions Dejaie, 1974.
  • À l’accroche de la vie, livre rassemblant poèmes et prose poétique avec illustrations – dessins et photos – de plusieurs artistes namurois. Editions Namur-Transitions, 1983.
  • 1983 à 1985 : Ensemble de pièces dramatiques écrites pour le Studio Théâtre de la RTBF Namur (sous l’égide de Jeanine Chérel), et enregistrées, mais non publiées.
  • 1984 : Conte-Spectacle Mona et l’Orgue de Barbarie, mis en scène par le groupe musical-vocal “Les Jolies Notes”  Namur, et joué par 200 enfants (non édité).

Prix :
  1967: Médaille de Vermeille au prix international de poésie “Napoli Autumno 67”.

Textes

Extraits de La Cinquième Saison :

 AUX FENETRES

Les enfants aux fenêtres

lancent sur le monde

la double interrogation

de leurs yeux enfiévrés.

Leurs regards sont des oiseaux

qui lentement et avec précision

essaient de découper l’univers en puzzles

pour le recomposer.

Les enfants aux fenêtres

enfermés dans le silence

des secrets et des interdits

se meurtrissent les poings

à vouloir ébranler les murs impénétrables.

IXIA

Fleur irisée

éclatant au coeur dur

des étoiles vierges.

Fleur bulbeuse

irradiant du coeur neige

des galaxies inviolées.

Fleur menacée

cueillie une seule fois et sauvée chaque jour

du chaos cosmique.

Semence pour un éternel aujourd’hui

au-delà du mur humainement mortel.

Fleur cinglante d’absolue vérité.

Fleur-feu des soirs sans chaleur

Fleur à giorno des nuits sans clarté

Fleur-pain des jours de disette

Fleur-oasis des matins désertiques:

A M I T I E

Extraits de A l’Accroche de la Vie :

FEMMES

Elles se tiennent debout

debout dans le crin du silence

debout dans les cerfs-volants du vent

debout dans les pavés de solitude

et de semence, debout.

Femmes

femmes venantes

femmes avenantes

femmes cimentes.

Elles se tiennent debout

beaucoup ne savent pas comment

et d’autres savent autrement,

celles qui le veulent vraiment

savent autrement.

Elles sentent quand c’est le moment

Elles sentent quand c’est le tournant,

non, pas le tournant

mais un tournant.

Car s’échappant des soleils futurs

ils sont dizaines

centaines et centaines de centaines

de tournants,

fleurs et tourments

qui s’empressent autour d’elles.

 Et elles sont là debout

femmes venantes,

et quels que soient les ans,

et quels que soient les ans,

femmes avenantes

FEMMES.

LA FEMME

possède les clés

qui ouvrent les portes

de toutes les rencontres.

MAIS bien peu de femmes

peu de femmes le savent,

et trop peu de femmes qui le savent

osent le savoir.

A CHAQUE AUBE

 Décrocher à chaque aube

 un peu de rêve fou

 le croquer dur et tendre

 sous une faim avide

 Dans le terrain aride

 créer la fleur de miel

 pour l’écraser vermeille

 sur les lèvres peureuses…

ET C’EST AINSI FEMME

depuis toute éternité.

Tu es là, pour procréer.

Mais qui donc a pensé cela pour toi?

L’homme peut-être, un peu ?

La société des hommes peut-être

un peu plus ?

La société des religions peut-être

un peu beaucoup plus ?

Mais toi, qu’en penses-tu ?

Au-delà de ces creux de plaisir

où, emportée par la danse de tes reins

quelque fleur humaine va commencer de vivre

à l’ombre de ton souffle,

au-delà de ces mois où tu deviens “la reine montgolfière”,

au-delà de ces jours où le doute parfois

peint d’obscur ton visage,

au-delà des arcs-boutants de tes bras

de ton ventre, de tes jambes,

quand enfin triomphant

il s’échappe l’enfant,

au-delà des effluves de joie,

au-delà des soupirs où s’émiette ta fatigue,

TOI, qu’en penses-tu vraiment ?

Es-tu certaine, bien certaine

que ce soit ton seul et souverain plaisir ?

Es-tu certaine qu’il faille ainsi continuer

d’éternité en éternité d’être celle qui n’est d’abord saluée

que parce qu’elle va procréer?

que parce qu’elle a procréé ?

Ne sens-tu pas femme, ne sens-tu pas

le grouillement des êtres

qui s’agitent au fond de ton âme ?

Ne sens-tu pas leurs doigts de verre et de diamant

qui taillent à tâtons et avec obstination

le tunnel de tes aspirations ?

Pourquoi as-tu peur ?

Laisse-les faire, ces doigts créateurs,

laisse-les dénouer leurs beautés

jusqu’au-dessus de tes yeux apeurés.

De quoi, de qui as-tu peur ?

de l’homme?…

il sera surpris, c’est vrai.

il se fâchera ?

peut-être, mais c’est pas évident.

il t’empêchera ?

Alors, tu te battras.

Tu crois que tu perdras ?

On ne sait pas

on ne sait jamais rien

avant de commencer le combat

pour SOI.