Extraits de La Cinquième Saison :
AUX FENETRES
Les enfants aux fenêtres
lancent sur le monde
la double interrogation
de leurs yeux enfiévrés.
Leurs regards sont des oiseaux
qui lentement et avec précision
essaient de découper l’univers en puzzles
pour le recomposer.
Les enfants aux fenêtres
enfermés dans le silence
des secrets et des interdits
se meurtrissent les poings
à vouloir ébranler les murs impénétrables.
IXIA
Fleur irisée
éclatant au coeur dur
des étoiles vierges.
Fleur bulbeuse
irradiant du coeur neige
des galaxies inviolées.
Fleur menacée
cueillie une seule fois et sauvée chaque jour
du chaos cosmique.
Semence pour un éternel aujourd’hui
au-delà du mur humainement mortel.
Fleur cinglante d’absolue vérité.
Fleur-feu des soirs sans chaleur
Fleur à giorno des nuits sans clarté
Fleur-pain des jours de disette
Fleur-oasis des matins désertiques:
A M I T I E
Extraits de A l’Accroche de la Vie :
FEMMES
Elles se tiennent debout
debout dans le crin du silence
debout dans les cerfs-volants du vent
debout dans les pavés de solitude
et de semence, debout.
Femmes
femmes venantes
femmes avenantes
femmes cimentes.
Elles se tiennent debout
beaucoup ne savent pas comment
et d’autres savent autrement,
celles qui le veulent vraiment
savent autrement.
Elles sentent quand c’est le moment
Elles sentent quand c’est le tournant,
non, pas le tournant
mais un tournant.
Car s’échappant des soleils futurs
ils sont dizaines
centaines et centaines de centaines
de tournants,
fleurs et tourments
qui s’empressent autour d’elles.
Et elles sont là debout
femmes venantes,
et quels que soient les ans,
et quels que soient les ans,
femmes avenantes
FEMMES.
LA FEMME
possède les clés
qui ouvrent les portes
de toutes les rencontres.
MAIS bien peu de femmes
peu de femmes le savent,
et trop peu de femmes qui le savent
osent le savoir.
A CHAQUE AUBE
Décrocher à chaque aube
un peu de rêve fou
le croquer dur et tendre
sous une faim avide
Dans le terrain aride
créer la fleur de miel
pour l’écraser vermeille
sur les lèvres peureuses…
ET C’EST AINSI FEMME
depuis toute éternité.
Tu es là, pour procréer.
Mais qui donc a pensé cela pour toi?
L’homme peut-être, un peu ?
La société des hommes peut-être
un peu plus ?
La société des religions peut-être
un peu beaucoup plus ?
Mais toi, qu’en penses-tu ?
Au-delà de ces creux de plaisir
où, emportée par la danse de tes reins
quelque fleur humaine va commencer de vivre
à l’ombre de ton souffle,
au-delà de ces mois où tu deviens “la reine montgolfière”,
au-delà de ces jours où le doute parfois
peint d’obscur ton visage,
au-delà des arcs-boutants de tes bras
de ton ventre, de tes jambes,
quand enfin triomphant
il s’échappe l’enfant,
au-delà des effluves de joie,
au-delà des soupirs où s’émiette ta fatigue,
TOI, qu’en penses-tu vraiment ?
Es-tu certaine, bien certaine
que ce soit ton seul et souverain plaisir ?
Es-tu certaine qu’il faille ainsi continuer
d’éternité en éternité d’être celle qui n’est d’abord saluée
que parce qu’elle va procréer?
que parce qu’elle a procréé ?
Ne sens-tu pas femme, ne sens-tu pas
le grouillement des êtres
qui s’agitent au fond de ton âme ?
Ne sens-tu pas leurs doigts de verre et de diamant
qui taillent à tâtons et avec obstination
le tunnel de tes aspirations ?
Pourquoi as-tu peur ?
Laisse-les faire, ces doigts créateurs,
laisse-les dénouer leurs beautés
jusqu’au-dessus de tes yeux apeurés.
De quoi, de qui as-tu peur ?
de l’homme?…
il sera surpris, c’est vrai.
il se fâchera ?
peut-être, mais c’est pas évident.
il t’empêchera ?
Alors, tu te battras.
Tu crois que tu perdras ?
On ne sait pas
on ne sait jamais rien
avant de commencer le combat
pour SOI.