MOTTART Hubert

Bibliographie

  • D'un règne trop obscur, Bruxelles, Henriquez, 1936
  • Le sceptre et l'anneau, s.l., Fondation Serge Ghinet, 1957

Textes

Un jour...

Un jour, je fus un,
Puis je fus des miliers;
Puis, je fus une cohorte sans nom,
Etendue sur le lit de marbre des palais et sur le grabat des
                                                                                  maisons de sable,
Chaque fois avec le même orgueil et le même insatiable tourment.
Et mes prières, et mes lamentations,
Jaillies de ma gorge, à l'infini multipliées,
Ont coulé comme un torrent noir sur ma terre d'élection et l'ont
                                                                                dérobée à mes yeux.
Et mon regard de neige a été dévoré par mon regard de feu.
Et mon regard de feu a été dévoré par mon regard de poussière.
Ainsi, je suis devenu aveugle;
Et, malgré toute ma puissance, même la vision d'un brin d'herbe
                                                                                     m'a été refusée.
Et ma bouche royale est devenue le nid des gégaiments;
Car il était trop tard:
J'avais scellé mes lèvres avec la lave de mon innocence.
Moi qui suis le jour, je m'étais englouti dans les ténèbres que
                                                                                      j'avais créées.
Et, vers moi, je criais en vain de mot terrible: pitié!...

Commentaires

Forcené de la foi, de l'amour et de l'absolu, Hubert Mottart n'a écrit que les poèmes excessifs, chaotiques, fulgurants.  Cette ardeur même, si elle s'accompagne rarement d'un souci artistique, convaincu par sa sincérité: un besoin éperdu de sympathie refusée.  Hubert Mottart s'est consumé de frénésie: on devrait se souvenir de lui, pour son tempérament.

Editions Traces, Bruxelles "La poésie francophone de Belgique (1903-1926)