MOGIN Jean

Biographie

Né en 1921 à Bruxelles, Jean Mogin passe son enfance sous l’aile poétique de son père, Norge. Après de brillantes études à l’Université Libre de Bruxelles où il obtient une licence en histoire de l’art et archéologie, le hasard le mène à l’ I.N.R. (ancien nom de la R.T.B.F.) où il entre en 1944. C’est la même année qu’est publié La vigne amère, livre honoré l’année précédente du Prix des Poètes.

Dès lors, Jean Mogin va mener une double carrière d’homme de lettres et de journaliste.

Dès la création de sa première pièce à Paris, en 1950, au théâtre du Vieux Colombier (A chacun selon sa faim), l’auteur dramatique est reconnu et salué avec enthousiasme par la critique, notamment par Albert Camus. Pièces originales et adaptations se succèdent régulièrement, créées à la radio et dans les principaux théâtres de Bruxelles.

Mais Jean Mogin est aussi le poète de plusieurs recueils où se retrouvent les échos lyriques de la quête spirituelle et de la soif de l’absolu qui caractérisent ses personnages.

La carrière du journaliste sera tout aussi brillante. De sa première lecture radiophonique (un communiqué sur le prix des pommes de terre) à sa retraite en 1982, Jean Mogin gravira les échelons de la hiérarchie jusqu’au poste de Directeur général de la radio.

Epoux de la poétesse Lucienne Desnoues, il s’était retiré en Provence lorsque se manifestèrent les premiers signes de la maladie qui devait l’emporter le 7 avril 1986.

Bibliographie

  • La vigne amère, Bruxelles : La Maison du Poète, 1944 (Prix des poètes)
  • Les jubés de la Rennaissance aux Pays-Bas, 1946
  • Les Vigiles, Bruxelles : Georges Houyoux, 1950
  • A chacun selon sa faim, 1950 (Prix Vaxelaire et Prix triennal de littérature dramatique)
  • Le rempart de coton, 1953
  • Plâtures du silence, Paris : Mercure de France, 1956 (Prix de la Pensée française)
  • La fille à la fontaine, 1956
  • La reine de neuf jours, 1963
  • La belle alliance, Paris : Seghers, 1963 (Prix Engelmann)
  • Les archanges Gabriel, 1966
  • Le naturel, Paris : Grasset, 1973
  • Le bon Gallois, 1984
  • Maison partout, Paris : Grasset, 1985
  • Poème choisis, Académie royale de langue et de littérature française,1995,

 

Textes

Belle paroles

Pour tenir l’air, tendez les ailes du poème,
Pour aller en forêt, haussez droit vos syllables,
Pour prendre la mer, bombez le torse des strophes;

Quand vous aurez gagné de la hauteur à pic,
Quand vous aurez touché au coeur de la futaie
Quand vous aurez atteint la haute et pleine mer,

Pensez-au verbe actif qui vous a mené là,
Pensez que l’on tient l’air comme on tient un château,
Que l’on entre en forêt comme on entre à l’église,
Et que prendre la mer ressemble au verbe aimer.

Commentaires

Les premiers poèmes de Jean Mogin Traduisent une fraîcheur sincère et sans apprêt: en pleine guerre de 1940-1945, il dit sa foi diffuse, son acquiescement devant l’universel, son espoir en une vie inspirée.  Peu à peu, cet émerveillement, considéré comme un antidote à la réalité ambiante, fait place à une moins spontanée et plus travaillée.  Jean Mogin dit alors sa présence, sa réalité, ses certitudes.  Les problèmes du langage – il n’est pas pour rien le fils de Norge – le concernent à partir des années 60.  Il sait que la vérité se prête à un certain jeu et, peut-être, en revanche, que d’un certain jeu peut naître une vérité inattendue.  Du rêve post-romantique au réel teinté par l’ironie, Jean Mogin a tissé des ponts tantôt éloquents tantôt subtils.

“La poésie francophone de Belgique (1903-1926). Bruxelles : Editions Traces.