MOCKEL Albert

Biographie

Albert Mockel (Ougrée, Belgique, 27 décembre 1866 – Ixelles, 30 janvier 1945), écrivain belge, poète symboliste. Membre de l’Académie royale de Belgique.

Originaire de la banlieue de Liège, il y fait ses débuts littéraires en publiant un revue, La Wallonie, qui s’assure la collaboration d’écrivains aussi bien belges, Émile Verhaeren, Charles Van Lerberghe, que français Vielé-Griffin et André Gide.

En 1887, il publie Les Fumistes wallons où il affirme son attachement au symbolisme. Son premier recueil poétique, Chantefable un peu naïve (1891) paraît à Paris sans nom d’auteur. Dans Propos de littérature (1894), Mockel synthétise un certain nombre de conceptions qui étaient dans l’air : il expose une esthétique poétique soumise aux références musicales et construit une théorie du symbole.

Il collabore à de nombreuses revues et journaux : le Mercure de France, Durendal, La Plume, L’Express (Liège).

La mort de Mallarmé en 1898 lui fournit l’occasion d’une exégèse et d’un hommage dans Stéphane Mallarmé, un héros où il déploie des qualités de critique qui ne se démentiront pas par la suite, que ce soit dans ses essais sur Charles Van Lerberghe (1904), sur Émile Verhaeren ou sur Max Elskamp. Albert Mockel a joué dans l’histoire des lettres belges un rôle important, représentant l’esprit d’un symbolisme exigeant.

Il fut un des premiers militants wallons autonomiste et c’est lui qui donna au mot Wallonie sa forme actuelle, à travers la revue symboliste qu’il fonda et qui fut parmi les phénomènes qui imposèrent le terme. Il rédigea d’ailleurs en 1919 une proposition de réforme de l’État qui tient compte de celle de Léon Troclet émise peu de temps avant la même année.

Bibliographie

  • Poèmes minuscules, S.n.d., Liège.(H.C.)
  • L’essor du rêve, S.n.d. (H.C.)
  • Les fumistes wallons, Liège, 1887. (H.C.)
  • Quelques livres, Liège, Vaillant-Carmane, 1890.
  • Chantefable un peu naïve, Liège, Vaillant Carmanne, 189. Sans nom d’auteur.
  • Propos de littérature, Paris, Art Indépendant, 1894.
  • Emile Verhaeren, Paris, Mercure de France, 1895.
  • Stéphane Mallarmé, un héros, Paris, Mercure de France, 1899.
  • Clartés, poèmes suivis d’une conclusion musicale, Paris, Mercure de France, 1902. Réédition, moins la partition, l’Oiseau Bleu, Bruxelles, 1928.
  • Charles Van Lerberghe. Paris, Mercure de France,1904.
  • Victor Rousseau, Paris, La Plume, 1905.
  • Poésie et Idéalité, “vers et prose”, tome I, 1905.
  • Musique et Poésie, “vers et prose”, tome I, 1905.
  • Contes pour les enfants d’ hier, Paris, Mercure de France, illustration par Auguste Donnay, 1908.
  • Un poète de l’énergie, Emile Verhaeren, Paris, Renaissance du Livre, 1918.Nouvelle édition augmentée, Mercure de France, 1933.
  • Auguste Donnay, Liège, Thône, 1922.
  • La flamme stérile, poèmes, Paris, Mercure de France, 192.
  • La flamme immortelle, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 192.

Diverses études

  • Max Elskamp
  • Hommage à Racine
  • Francis Vielle-Griffin. Académie Française de Belgique.
  • Antoine Wiertz, étude. Patrimoine Des Musées Royaux de Belgique, Bruxelles.

Inédits

  • Derniers Poèmes
  • Les Banalités indiscrètes
  • Lettres d’Italie

(Propriétés de l Académie de Langue et de Littérature Française de Belgique

Textes

Aridité

Livre ton sein, livre tes yeux, oh ! livre-toi toute.
Tente le front qui fuit; ouvre la molle robe:
une ombre te déjoue au vent qui la dérobe.
Regarde bien; nul n’est ici.
Rien n’est que le désert et la flamme, et le vide
de ton regard penché sur son néant torride.

Une ombre sur les flots errants s’est effacée
au souffle du matin pur qui les ride…
et ta bouche tendue vers le vain baiser,
cruelle, avide, inapaisée,
épuise sans toucher le décevant délice,
toute l’aridité stérile du désir.

Commentaires

A relire Albert Mockel, on constate qu’il a accumulé toutes les rêveries et toutes les évanescences du symbolisme finissant: il est le type même du décadent, qui chante les fées, les apparitions trop diaphanes pour prendre corps, les impressions fugaces, les à-peu-près difformes à force d’hésitation.  Empêtré dans les théories musicistes, il voudrait que chaque poème fût non pas un objet verbal mais une sorte d’hymne à la sonorité.  Il n’évite pas la mièvrerie, les approximations qui se détruisent les unes les autres, les rengaines qui ressemblent, en peinture, aux nénuphars de Claude Monet dans ses tableaux inachevés.  Mais il convient de le considérer aujourd’hui par-délà cette surabondance de défauts.  On découvre alors, dans la seconde partie de Clartés, une succession de poèmes soudain fervents, passionnés et empreints d’une sensualité contagieuse: il s’y épanouit avec splendeur.

Editions Traces, Bruxelles (1985), “La poésie francophone de Belgique”