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Nuit d'océan, branches marines
Nuit d'océan, branches marines
Où tous les arbres m'ont parlé
L'aube passe et le jour m'exile
Dans tout ce qu'il faudra créer.
Dans l'enchevêtrement des algues
Où la tempête m'a poussé
Me voici revivre, noyé
Sous tant de forces qui m'assaillent.
Il faudra rendre à la forêt
Cette magie aux jeux d'aurore...
Les voix du monde vont éclore
Et l'univers nous reconnaît.
Après des années de poésie diffuse et spiritualiste, voisine parfois d'Armand Bernier et de Géo Libbrecht, Jules Minne a profité de ses séjours en Afrique, notamment au Congo belge, pour donner à ses vers une stridence moins élégiaque. Les grandes forêts équatoriales sont alors devenues son thème de prédilection. Disciple de Paul Valéry à ses heures, il a su en peupler avec adresse des textes de plus en plus pathétiques et de plus irrémédiables lui vient: il est alors un poète de l'infini et de la précarité.
Editions Traces, Bruxelles "La poésie francophone de Belgique (1903-1926)