MAGIS Gustave

Biographie

né en 1907

Bibliographie

  • Clairières, arcam, 1984.
  • Sources du ciel, arcam, 1983.
  • Moments poétiques, arcam, 1987.

Textes

Ta naissance

Tout près d’un lac charmant, tu naquis en Afrique

Au creux des monts quand l’aube apportait sa douceur,

Et la Vierge attendrie allait comme une soeur

A ton berceau donner un agrément féérique
Aux perles des jardins dans un décor lyrique Ta mère avait mêlé des larmes de bonheur Et le monde, à mes yeux, ainsi qu’un moissonneur, Liait mon allégresse aux échos de la crique.
Tu grandis au pays de l’éternel printemps Et Bukavu, ta ville aux charmes envoûtants, Etirait ses longs bras en presqu’îles de jade.

Au rythme des tam-tams chantaient les piroguiers, Et les femmes portant des pagnes en pochade Lançaient innocemment des appels familiers…

extrait de Clairières

Commentaires

Doublant le cap des trois quarts de siècle, un homme évoque ses vertes années pour rendre hommage à ses parents. L’entreprise set trop singulière, à notre âge d’airain, pour ne pas être saluée avec la sympathie de la connivence. Comme son cousin Maurice Carême, Gustave Magis a voulu, tout d’abord, célébrer les hautes qualité de sa mère. Son recueil pourrait s’intituler Offrande filiale, comme le chef-d’oeuvre en prose de Camille Melloy, paru en 1930, dans la collection ” Ars et fides ” . Le poète me disait, dans sa dédicace, qu’il avait mis, dans ce livre de souvenirs, le meilleur de son âme ” pour chanter ce qu’il y a de meilleur au monde : une maman “. Melloy retrouve une entrevision de sa prime enfance : relevant d’une grande maladie, il tend les bras vers  la lumière et vers sa maman : ” Et j’embrasse à la fois ma mère et le jour, que je crois voir tous deux pour la première fois. ” De son côté, Gustave Magis dira, dans le même registre mystique :
Ta vie est un soleil qui dore
La mienne ainsi que des adrets.
Les adrets… Le versant lumineux de la montagne qui symbolise la vie montante, à l’approche du soir.
Mémorialiste de son âme, le poète se souvient des peines et des joies qui ont jalonné sa route, et il interroge un futur qui se confond avec l’éternité. Il revoit les oiseaux, les fleurs, les fontaines, les maisons d’autrefois, les départs et les retrouvailles. les réminiscences jouent dans son esprit comme du jour à travers un vitrail. Il écoute sa musique intérieure avec le ravissement qu’il éprouve à entendre Bach, Mozart, Schubert, Schumann ou Fauré. Les sources terrestres sans l’harmonie des sphères.
Fidèle à sa lignée familiale, Gustave Magis reste aussi attentif à la poésie traditionnelle et s’efforce de se plier à ses exigences. L’amour filial transfigure l’anecdote du passé. Les mains maternelles deviennent des ailes d’anges.
Telle est la magie du mot quand il veut être l’humble signe de l’invisible réalité. Le poète le plus modeste, le plus mesuré dans ses propos, se transmue ainsi en messager d’un outre-monde où la vraie vie attendue par Rimbaud est présente dans la ferveur de l’Amour.

Préface de Marcel Lobet pour Sources du ciel