MAETERLINCK Maurice

Biographie

Maeterlinck, Maurice (1862-1949), auteur belge d’expression française, prix Nobel en 1911, auteur notamment de l’Oiseau bleu et de Pelléas et Mélisande, qui fut le principal chef de file du mouvement symboliste au théâtre. Maurice Polydore Marie Bernard, comte Maeterlinck, naquit le 29 août 1862 à Gand. Issu d’un milieu aisé, il étudia dans un collège de jésuites. Si sa famille souhaitait le voir embrasser la carrière d’avocat, lui, depuis l’adolescence, était tout occupé de littérature. Il renonça donc au barreau, se mit à fréquenter les milieux littéraires belges puis partit s’installer à Paris en 1886. Il y rencontra Villiers de l’Isle-Adam et les poètes symbolistes, dont les conceptions littéraires l’influencèrent considérablement. Maeterlinck prit parti, sur le plan esthétique, contre le naturalisme alors prédominant dans la littérature française. Ses premiers recueils de poèmes symbolistes, les Serres chaudes (1889) et plus tard Quinze chansons (1896) le firent remarquer dans le milieu des lettres ; ils se distinguaient par leur tonalité profondément mélancolique. Mais ce furent surtout ses pièces de théâtre qui le firent connaître du public et lui valurent le prix Nobel en 1911. D’un tempérament pessimiste et angoissé, hanté par la mort, il consacra son existence à la recherche d’un bonheur fondé sur des certitudes consolantes et qui aiderait l’homme à accepter sa condition. Jouissant d’une renommée considérable, il put vivre en se consacrant à son art. Il participa aux combats pendant la Première Guerre mondiale puis, en 1921, enseigna aux États-Unis, où il séjourna également pendant toute la durée de la Seconde Guerre mondiale. À la fin de la guerre, Maeterlinck retourna en Europe ; il mourut le 5 mai 1949 à Nice. Parmi ces travaux, citons le Trésor des humbles (1896), la Sagesse et la Destinée (1898), la Vie des abeilles (1901), l’Intelligence des fleurs (1907), la Mort (1913), les Sentiers dans la montagne (1919), le Grand Secret (1921), la Grande Féérie (1929), la Vie des fourmis (1930), la Grande Loi (1933), Avant le grand silence (1934), le Sablier (1936).

Bibliographie

  • Les aveugles. Bruxelles : Paul Lacomblez, 1890.
  • Poésies complètes. Bruxelles :  la Renaissance du Livre, 1965.
  • Serres chaudes et Quinze chansons. Bruxelles : Jacques Antoine,  1980.
  • Oeuvres. Bruxelles,  Jacques Antoine,  1980. Coll. “Passé Présent”.
  • Pelléas et Mélisande. Bruxelles : Editions Labor,  1983.
  • L’oiseau bleu. Bruxelles : Luc Pire Éditions, 2009. Coll. Espace Nord. Emballé par René Hausman. (Réédition).
  • Maurice Maeterlinck et l’Italie, Librairie Marcel Didier, 1959.
  • La Vie des abeilles, Paris : Editions Bartillat, 2019.
  • La Vie des termites, Paris : Editions Bartillat, 2019.
  • La Vie des fourmis, Paris : Editions Bartillat, 2019.

Pour une bibliographie complète de et sur l’auteur, consulter le catalogue rétrospectif de la Bibliothèque royale de Belgique disponible via le lien suivant : http://opteron1.kbr.be/cgi-bin/opac.cgi?P0=FBB&P1=3_JAN&P9=&P5=20&P4=&P2=3&P3=R_TI&P6=MAETERLINCK_MAURICE

A consulter :

De Decker, Jacques. Maurice Maeterlinck, le verni de la gloire. In : Nos Lettres, n°3, décembre 2011, p. 14-20.

Spriet, Patrick. Georgette Leblanc, een leven als een opera, in Gierik (Antwerpen), zommernummer 115, 2012 ; pp. 38-47.

Textes

Ennui

Les paons nonchalants, les paons blancs ont fui,
Les paons blancs ont fuit l’ennui du réveil;
Je vois les paons blancs, les paons d’aujourd’hui,
Les paons en allés pendant mon sommeil,
Les paons nonchalants, les paons d’aujourd’hui,
Atteindre indolents l’étang sans soleil,
J’entends les paons blancs, les paons de l’ennui,
Attendre indolents les temps sans soleil.

Commentaires

Comme son théâtre, les poèmes de Maurice Maeterlinck, sont peuplés ou d’absents ou d’êtres dont les desseins ne sont pas clairs. Le malentendu est son domaine, sans qu’il ait pourtant ni drame ni tragédie: tout au plus un pressentiment, une frayeur diaphane, un besoin de poins s’expliquer. Le poème a lieu – car il est souvent de situation psychologique ou d’attitude humaine – derrière une vitre, au fond d’une serre, à l’abri d’une cloison. Les correspondances – au sens de Baudelaire – n’y sont pas encore symboles fermes, mais des approximations qui permettent une entrée discrète dans le mystère. Les abstractions y voisinent avec les choses concrètes et se présentent comme des phénomènes identifiables: “Voici d’anciens désirs qui passent”, dit Maeterlinck.

Il arrive que plusieurs allusions amènent des volutes bizarres, dont les surréalistes se souviendront: “les hyènes louches de mes haines” ou “L’âme verte d’autres espoirs”. On est vite séduit par cette discrétion qui sait crier par instant ou se faire manifeste comme un voile sur une figure de femme en fuite. Les Anciens ou les amis de Mallarmé voyaient des nymphes, des faunes, des diables venus de l’azur; pour Maeterlinck, les apparitions sont plus brumeuses et nordiques, et la mythologie n’est point nommé. Quand l’énigme s’élucide, il reste toujours une part inexpliquée. Ce refus d’être français jusqu’au bout est sans doute sa vertu majeure. Le qui? et le comment ? demeurent intacts, à près de cent années de distance.

Et, plus tard, lorsque la poésie proprement dite se sera portée dans Mélisande ou L’oiseau bleu, les rares chansons, très nues, très dépouillées, très simples, garderont ce même esprit de recul devant le dicible. Sérénité du tourment, lbsen sans le laisser-aller? Que tour à tour Debussy, Fauré et Scönberg l’aient illustré, voilà une preuve de son importance, au théâtre comme dans les poèmes. Une fragilité à l’épreuve de tous les coups.

La poésie francophone de Belgique, Bruxelles, Éditions Traces, 1985.