Par les jours chauds d’été,
tandis que le vent souffle sur la peau nue
et que les insectes, dans les herbes hautes,
font l’éloge du soleil,
nous, les hommes,
questionnons le pourquoi de la mort ;
( et ne pourrions nous en empêcher
quand bien même on aurait décrété finies les guerres
et déployé l’amour) ;
oui quand bien même…
nous, les hommes,
par les jours chauds d’été,
demanderions quand même,
tant à la brindille qu’au livre,
tant aux bêtes dans les champs qu’aux philosophes
dans les bibliothèques,
demanderions
si nous avons un sens,
et s’il y a un sens
à nous le demander.
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raconter n’est pas chose facile
mais plus difficile encore est de vouloir chanter
les idées et les chaises,
tentant de mettre ensemble
le papillon rêveur et les automobilistes,
les versets du poème et l’amicale assiette pleine
de radis rouges ;
car une seule chose arrive
quand nous les vivons toutes ;
et nous, de cette chose
cherchant à tout transmettre,
débordons de belles promenades
et d’accidentes atroces,
devenons réceptacle des averses et des guerres,
sommes soudain de pierre parmi les herbes,
et tirons mots
d’un crissement de graviers entendu dans la gare
ou ce cet amoureux dans les allées du magasin.
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Le long de l’eau
En plein soleil
( De beaux jeunes hommes
sur les transats)
Devant la tombe
Un jour de neige
( Tout ceux d’hier
me faisant signe)
Et dans la chambre
Devenue pierre
Une effluve de femme
Dans l’écrin
Du bois noir
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Des assises d’enfance
Ne reste guère
Quand les morts vont si vite
Il faut s’habituer
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Je suis de l’autre temps
Mais ne sais pas duquel
Comme devant moi
L’appartement à vendre
et dont les murs
sûrement
se souviennent
des cris d’enfants joyeux
dans les matins de Pâques
ainsi que se souviennent
les graviers de La Panne
de la main de mon père
prenant le coquillage
alors
à grands pas
suspendus aux mouettes
je regarde par le fenêtre
les désertiques lumières de la petite place
et le clocher de Duinbergen
au bout du ciel
qui me fait signe
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Je fus tantôt
Devant les dorures du Téméraire
Comme j’avais été
Davant le marbre de médicis
Interrogeant les tombes peintes
Qui trouent l’église
Dans la pénombre musicale
Cherchant le but
-mais jamais ici
il n’est réponse
à nos questions
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…. et debout sur la dune
on revoit les lumières de Zeebruges
pensif sur la dune
on devient les lumières de zeebruges
Mais pour dire ce qui vraiment se passe
sur la dune
quand on regarde les lumières de zeebruges
il faudrait bien autre chose que les mots
les photographies ou la musique
et même si l’on mettait ensemble
les mots les photographies et la musique
cela ne dirait pas ce qu’on ressent
debout sur la dune
quand on regarde
au soir de la journée de mars
les lumières de Zeebruges
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A la fin de nous
Mais sans savoir
Sans affirmer
Tellement sable
Tout à coup
Tellement pierre
Voulant durer
( Et nos mots de pluies et de plumes
Cherchant les lieux de l’après jour)
A la fin de nous
Ou – qui sait –
A l’orée
De ce que nous rêvâmes
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