sa
Montée du chant (extrait)
ah plonge!
ciel stupéfiant et vide!
plonge là-haut dans le ciel,
dans ce qui surabonde,
dans ce qui déborde en avant!
monte
et 'scalade et 'xalte
la lumière vaste ah vaste!
éblouis l'étendue,
l'air fougueusement candide
et pointe!
pointe haut
pour percer le sommet des pesées qui résistent,
de la gravité 'cartelante,
et te noyer à satieté
dans l'air opulent qui jaillit
plein
plus que plein
et sourd intarissablement
clair
toujours splendissant et neuf,
dispensant tout sans retenue
par monceaux
et comble sur comble
et encore surplus par-dessus,
et vertueux
clamant plantureux
l'éther
l'éther écarquillé, futile,
l'étendue ailée, délébile
RAYONNANT PAR VAGUES DE LUBIES,
DE SAUVAGERIE ET DE MAGIE,
DE CLAMATIONS INASSOUVIES,
DE PLETHORES SI PRECIPITEES
QU'ELLES PULVERISENT LE CHANT, L'ECLAT,
ET RAVAGENT LA GRANDE TOUFFE DU MONDE
POUR LA RENDRE PLUS TRIOMPHANTE
PLUS GRANDE
ET DEMESURER LES ESPACES
(...)
S'ils rappellent parfois les poèmes de Michel Deguy et s'il font une place excessive aux modes du structuralisme, en employant des mots tronqués, les textes de Max Loreau, malgré ces éléments qui datent, savent s'accomoder du chant, de la mélodie, de la musique lancinante. Ils parlent surtout d'eux-mêmes: un art poétique en formation dans le corps du poème, qui ressemble à une vague déferlante aux effets post-musicistes, comme du temps d'Albert Mockel.
Editions Traces, Bruxelles "La poésie francophone de Belgique (1928-1962)