Né à Braine-le-Comte le 28 juin 1907. Académicien, Ancien secrétaire de rédaction au “Soir”, Essayiste, Romancier.
Après son service militaire effectué à Bruxelles, Lobet devient en 1929 secrétaire de rédaction à la Revue belge où, pendant huit ans, il travaille avec Pierre Gœmaere. Son premier livre est consacré au prêtre-poète Camille Melloy (1934). C’est le début d’une production de près de soixante volumes. Sous le pseudonyme de Henri Orlier, il publie des articles dans diverses revues comme Scarabée ou La Cité chrétienne. Il y évoque entre autres Estaunié, Rimbaud et Octave Pirmez. Il publiera sept contes pour enfants sous le même nom d’emprunt.
Il signe en 1943 un livre majeur, l’Histoire mystérieuse et tragique des Templiers, l’un des premiers ouvrages en français consacrés au sujet depuis près d’un siècle, étude prolongée en 1954 dans La Tragique Histoire de l’ordre du Temple. En 1946 il s’essaie à un roman, Nocturnes, qui relate l’histoire malheureuse d’un amour. Mais l’écrivain n’a pas perdu son goût pour l’Orient. Il écrit des contes, Une poignée de figues (1942), repris et complétés sous les titres Une poignée de dattes (1951) et Les Babouches d’Ali (1985); il prolonge sa réflexion sur la littérature et la poésie musulmanes dans Des chants du désert au jardin des roses (1949).
Critique de cinéma au Soir, il en devient aussi le critique chorégraphique. Il est le premier à souligner l’importance de l’apport de Béjart dans le monde artistique. D’autre part, il fait paraître en 1946 un livre consacré à Daniel-Rops, l’un de ses maîtres à penser. Suivront des études sur Virrès, J.-K. Huysmans, Arthur Masson, Thiry, Montherlant, Claudel et Léopold Levaux, Élie Willaime. Il collabore à d’innombrables revues, journaux et périodiques. Il voyage beaucoup, en Europe et en Afrique, participe à de nombreux congrès, entretient de multiples amitiés. Il devient professeur à l’Institut pour journalistes de Bruxelles où il donne un cours d’histoire des littératures.
Lobet va s’exprimer pleinement dans le domaine de l’essai. Il centre son intérêt sur la confession intime et les journaux littéraires (il laisse lui-même un journal inédit, tenu pendant de longues années et jusque peu de temps avant sa mort — il en a livré quelques passages en revues). La poésie et l’amour voit le jour en 1946. Huit ans après, la connaissance littéraire fait l’objet de La Science du bien et du mal. Dans ce qui apparaît comme une trilogie composée d’Écrivains en aveu (1962), de La Ceinture de feuillage (1966) et du Feu du ciel (1969), le critique se penche sur toute l’histoire littéraire, de saint Augustin à Kafka. Lobet croit au salut par l’écriture et à la dimension sacrée de celle-ci. Avec les Classiques de l’an 2000, il compose une vaste fresque dans laquelle il fait un tri parmi le patrimoine universel de la littérature.
Après 1970, Marcel Lobet écrit des textes de plus en plus autobiographiques, dans lesquels il livre des souvenirs (Du Hainaut picard au Roman Païs de Brabant, en 1985, Mon enfance wallonne à Braine-le-Comte au début du siècle, en 1988). D’autres ouvrages comme L’Abécédaire du meunier (1974), La Pierre et le pain (1979), enfin, L’Esprit ou la lettre, essai sur la pérennité de l’écriture (1990) développent son souci de la recherche de la Vérité dans une fin de siècle qu’il estime de plus en plus désacralisée. C’est à une œuvre de fiction, Nathanaël ou le Journal d’un Templier, paru en 1986, que Marcel Lobet confie son message essentiel. Cet ouvrage passionnant, à l’écriture flamboyante, est la version remaniée en un volume du diptyque Le Fils du Temple (1977) — prix du Conseil culturel de la Communauté française de Belgique en 1978 — et Le Temple éternel (1983). Situé dans le cadre historique de la destruction de l’ordre des moines-guerriers, il raconte, sous forme de journal intime, la vie d’un homme promis aux plus hautes destinées et son aventure mystique et spirituelle. L’auteur n’a pas manqué de souligner que le héros lui ressemblait comme un frère.
Titulaire de nombreux prix et de distinctions honorifiques, Marcel Lobet est mort à Rixensart le 19 octobre 1992, un mois avant de recevoir, pour fêter ses quatre-vingt-cinq ans, un volume de Mélanges auquel ont collaboré une cinquantaine d’écrivains. Il avait été élu à l’Académie royale de langue et de littérature françaises le 14 février 1970.