LEYDER Cathy

Biographie

Cathy Leyder est née le 30 avril 1966 à Longlier. Vit actuellement à Libramont. Passage en bibliothèque. Puis rédactrice de la page luxembourgeoise au sein du quotidien La Wallonie. A obtenu le prix Pyramides pour la Province de Namur en 2004 et le Prix Delaby-Moumaux en 2012.

Bibliographie

  • L’encre rouge des pruniers, L’Arbre à paroles, 2002.
  • D’un chant décousu, L’Arbre à paroles, 2003.
  • Froissement, 2005.
  • L’oiseau des tempêtes. Prix Delaby-Moumaux 2012.

Textes

Sens déliés

Je coupe ma frange
Découvre mon front

Demeure l’étonnement
Ma folle jeunesse à quai

*

Cinglantes sur les parois de mon coeur
Mes illusions ont poussé drues
Arrimées à des sommets
Qui me font perdre la tête

*

La bibliothécaire a épinglé
Un livre
Ils le coudront à deux
Corps contre corps
Page contre page

*

Comme une jeune vierge
Longtemps retenue

Je suis restée attachée
A de vieilles valeurs

*

La table sort de ses gonds
De ses napperons

Leur jette à la figure
Ces années empêchées
Tous ces hommes perdus
De couverts en couverts

Commentaires

Au seuil de ce recueil, Froissement, constitué par la réunion d’un recueil paru précédemment, L’encre rouge des pruniers, et d’un autre inédit, Le harem de l’été, une question vient tout naturellement à l’esprit ; ces titres un peu mystérieux, mais très évocateurs, que se cache-t-il derrière eux? Ou, plus exactement, qui se cache-t-elle derrière eux?
Froissement, à la fois d’une feuille de papier, d’une feuille sous le vent d’automne, et d’une souffrance intérieur, d’un contact maladroit. Car chez elle, il faut toujours chercher derrière les mots, un sens en cache toujours un autre. Tout est métaphore, emblème, allégorie. Il y a du frisson dans ce froissement, mais aussi du friselis. Du vent dans les branches. Cette encre rouge des pruniers, fait furieusement penser à du sang, à ces captifs qui écrivaient avec leur sang ; à des corrections impitoyables, dénudant le beau bleu de nos textes d’enfant; et, bien sûr, à des plumiers…
Et Le harem de l’été, me direz-vous? Bien sûr, l’été qui mûrit les fruits. Et le harem, servitude, multitude, une certaine touffeur un peu moite… Mais c’est aussi la fidélité, un peu forcée, il est vrai, par la clôture. L’obéissance. Les fleurs alors accourent/ Fidèles comme des femmes/ Dans le harem de l’été. Et encore, D’un coup de serpillère/ La femme ramassel/ Sa vie émiettée/ Sur le sol de sa cuisine. On pourrait y voir de simples tableaux de la vie quotidienne. Mais le langage est codé, c’est celui d’un cri, d’une identité perdue… Cathy Leyer? Une grande économie de mots, de moyens, la volonté d’aller au fond des choses, d’aller au fond des mots, de faire rendre à chacun de ces mots ce qu’il a dans les tripes. Une parole dense, ramassée, réfléchie. Difficile à saisir parfois. Mais claire, incisive. Une solitude essentielle. Une paix qui, chaque jour, a besoin d’être recousue.

Joseph Bodson

Ardennaise, et donc plutôt taiseuse, Cathy Leyder n’est pas du genre à s’épancher longuement. Des poèmes courts qui évitent toute littérature inutile pour aller à l’essentiel, quelquefois aux limites de l’aphorisme, en obole du quotidien ou en Points de gravité. Avec elle “Le poète harponne les mots / Les escortes dans leur profondeur”.

Francis Chenot

“Froissement” Cathy Leyder, ed. L’Arbre à paroles, Maison de la Poésie, 2002.