“Les premiers poèmes de Philippe Lekeuche le montrent, d’emblée, maître d’un sentiment de délivrance, comme si le quotidien pouvait prendre des allures de fable. Cette apesanteur est déjà contagieuse, comme l’est, dans d’autres pages, la volonté de la satire. Entre l’aérien et le baroque, l’âpreté et l’urgence, l’humour et le tragique, il tisse des fils originaux. On le suivra avec attention.”
La poésie francophone de Belgique : 1928-1962. Éditions Traces.
À propos du recueil L’Éperdu (L’herbe qui tremble, 2010) :
“Il faut parler d’un cri d’amour profond, douloureux, bien souvent tragique ! Le Mal rôde sans cesse que n’apaisent ni les anges ni une présence divine sous jacente que le poète croit apercevoir et qui se dérobe au même instant. On pense aux cris d’une Louise Labbé devant cet amour qui déchire le poète et donne au titre du recueil toute sa densité, toute son hallucinante vérité. On pense aussi à certains textes de nos grands poètes de Flandre. Philippe Lekeuche se sert de sa langue avec une force que l’on rencontre rarement dans la poésie de langue française. La mort, elle aussi est là. Même dans ces poèmes de souvenirs d’enfance qui tout à coup mettent des clartés inattendues. Clartés qui vont s’autodétruire au gré des questions que le poète sait sans réponse et auxquelles seuls viennent se heurter la douleur et le Temps qui se lamente. La poésie ? Le poète le clame : elle est catastrophe, désespoir, même si elle est pour lui la seule voie pour exprimer ce qui le torture. Même si, dans cette « promenade d’été » qui clôture le recueil sur la parole « des cieux », soudain, elle se veut « miracle » !” (Prix Maurice Carême 2011).
Quatrième de couverture de L’éperdu :
En ces temps où ce que l’on pourrait appeler l’«esprit», le coeur de l’humanité de l’homme, se trouve menacé, la question “Pourquoi la poésie?” se pose de la façon la plus aiguë. Le poète, qui n’a pas la réponse, en ressent l’urgence et n’a d’autre choix que de poursuivre son travail, envers et contre tout. Car les forces anti-poétiques sont puissantes, en lui et hors de lui. Le combat entre la création et la destruction s’exacerbe au plus haut point. «L’éperdu», n’est-ce pas cet homme passionnément en recherche de ce qu’il ignore mais dont il pressent que la vie même, toute la vie, en dépend? N’est-ce pas aussi cette ardeur, cette brûlure, cette brisure qui le fait s’émouvoir?