LEKEUCHE Philippe

Biographie

Philippe Lekeuche est né à Tournai (Picardie belge), le 19 janvier 1954. Il commence à faire de la poésie dès l’âge de douze ans. À 14 ans, il rencontre la poète belge Madeleine Gevers, amie intime de Michel de Ghelderode, qui lui enseigne durant dix ans la technique poétique. En 1970, à l’âge de seize ans, il rencontre chez lui à Bruxelles Maurice Carême qui le convainc de garder son nom et de renoncer à son pseudonyme de l’époque.

En 1974, Philippe Lekeuche entame des études de psychologie à l’Université, études qu’il poursuivra jusqu’au doctorat (1987), avant de devenir Professeur de psychopathologie à l’Université de Louvain-La-Neuve.

C’est en 1987 qu’a lieu sa rencontre destinale avec Gérard Fabre, éditeur, fondateur des Éditions Cadex, qui publie son premier livre : « Le Chant du destin ». En 1995, Philippe Lekeuche reçoit le Prix Triennal de Poésie de la Communauté française de Belgique.

Bibliographie

  • Le Chant du destin, Montpellier, Cadex Editions, 1987.
  • Si je vis, Bruxelles, Les Éperonniers, 1988 (Prix Pollak de l’Académie).
  • Quatre écoutes du tonnerre, Cadex Éditions ; Les Éperonniers, 1990.
  • Celui de rien, Bruxelles, Les Éperonniers, 1993 (Prix Triennal de Poésie, 1995).
  • L’existence poétique, Montpellier, Cadex, 1995.
  • La géographie intérieure. In : L’Oeuvre au Nord, collectif, Cadex Éditions, 1997.
  • L’état rebelle, Les Éperonniers, 1998.
  • Solaire, Cadex, 1999.
  • L’homme traversé, Cadex, 2003.
  • Cette maladie, au nom perdu, Éditions Jacques Brémond, 2005.
  • Le feu caché, Editions des Vanneaux, 2007.
  • Le plus fou des hommes, Châtelineau, Le Taillis Pré,  2007.
  • L’éperdu, Paris, L’herbe qui tremble,  2010. Prix Maurice Carême 2011.
  • Le jour avant le jour, Le Taillis Pré, 2013.
  • Une vie mélangée, L’Herbe qui tremble, 2014.
  • L’éclat noir du désir, Chatelineau, Le Taillis Pré, 2017.

Commence à faire régulièrement de la poésie dès l’âge de 12 ans. En 1986, suite à l’envoi de quelques poèmes dactylographiés, M. Blanchot lui écrit deux lettres.

Le quotidien “Le Figaro” a publié le poème “L’étranger”, le 21 janvier 1994.

Des poèmes ont paru dans diverses revues : Textuerre (Montpellier), Sud, Autre Sud (Marseille), Poésie 90 (Paris), Écritures (Liège), Le Mensuel Littéraire et Poétique (Bruxelles), Aujourd’hui Poème (Paris), etc…

Études critiques 

  • Philippe Lekeuche, “Le destin d’Arthur Rimbaud”, in Cahiers Internationaux de Symbolisme, n° 45-46-47, 1983.
  • Philippe Lekeuche, “Création poétique et sublimation” (Conférence d’Orléans), in La Revue Psypropos, (Création et Invention), Actes des Journées d’Études de Blois et d’Orléans, édités par l’Association Psypropos, Orléans, 1998, pp. 67-75.

Bibliographie  

  • Jean-Luc Lannoy, “Ce qui se joue dans l’attente; à propos de la poésie de Philippe Lekeuche”, in “Sens et Mélancolie – Lectures de Lévinas, Blanchot, Merleau-Ponty”, Thèse de Doctorat en Philosophie, U.C.L., 1994, (pp. 301-316).
  • Isabelle Castille, “Eindverhandeling : Philippe Lekeuche, Celui de rien : lecture de l’imaginaire”, GGS Literatuurwetenschap (UIA; VUB; KUL), Universiteit Gent, Promotor : Pr. Dr. D. Gullentops, Academiejaar 1995-1996.
  • Jean Tordeur, “Philippe Lekeuche, poète nouveau”, in “L’air des Lettres”, collection Histoire Littéraire,Editions de l’Académie Royale de Langue et de Littérature françaises, Bruxelles, 2000.

Traductions

Certains de ses poèmes ont été traduits en espagnol (in “Residencia/Cuardenos de Cultura”, Nùm. 15, Vol VI, Época IV, Madrid, 1989); en suédois (in “Tidskriften/90 TAL – Om Litteratur och Konst”, Stockholm, 1994); en italien (in “Poetare e pensare”, numero quarto, Bologne, 1999); en néerlandais (in “Deus ex machina – Tijdschrift voor literatuur & kunst” – n° 82, Antwerpen 1997) et “Een Opstandeling” in “Hanenveren van diverse pluimage – Levende franstalige poezie uit Belgie”, Poezie Centrum, Gent, 2004, pp. 123 à 136.

Textes

Fugues  (fragments)

Les oiseaux ayant perdu leur teneur d’oiseau
deviennent des vaches roucoulantes mais
les philosophes ayant appelé ces vaches chiennes
voici qu’elles parlent se demandent si les hommes
si les hommes sont bêtes mais
les chiennes ayant dit à ces hommes-là crapauds
tous se battent au bord de l’étang qui soupire
un nain seulement ricane derrière le caillou
le caillou pleure c’est très beau

Commentaires

“Les premiers poèmes de Philippe Lekeuche le montrent, d’emblée, maître d’un sentiment de délivrance, comme si le quotidien pouvait prendre des allures de fable. Cette apesanteur est déjà contagieuse, comme l’est, dans d’autres pages, la volonté de la satire. Entre l’aérien et le baroque, l’âpreté et l’urgence, l’humour et le tragique, il tisse des fils originaux. On le suivra avec attention.”

La poésie francophone de Belgique : 1928-1962. Éditions Traces.

À propos du recueil L’Éperdu (L’herbe qui tremble, 2010) :

“Il faut parler d’un cri d’amour profond, douloureux, bien souvent tragique ! Le Mal rôde sans cesse que n’apaisent ni les anges ni une présence divine sous jacente que le poète croit apercevoir et qui se dérobe au même instant.   On pense aux cris d’une Louise Labbé devant cet amour qui déchire le poète et donne au titre du recueil toute sa densité, toute son hallucinante vérité. On pense aussi à certains textes de nos grands poètes de Flandre. Philippe Lekeuche se sert de sa langue avec une force que l’on rencontre rarement dans la poésie de langue française. La mort, elle aussi est là. Même dans ces poèmes de souvenirs d’enfance qui tout à coup mettent des clartés inattendues. Clartés qui vont s’autodétruire au gré des questions que le poète sait sans réponse et auxquelles seuls viennent se heurter la douleur et le Temps qui se lamente.   La poésie ? Le poète le clame : elle est catastrophe, désespoir, même si elle est pour lui la seule voie pour exprimer ce qui le torture. Même si, dans cette « promenade d’été » qui clôture le recueil sur la parole « des cieux », soudain, elle se veut « miracle » !” (Prix Maurice Carême 2011).

Quatrième de couverture de L’éperdu :

En ces temps où ce que l’on pourrait appeler l’«esprit», le coeur de l’humanité de l’homme, se trouve menacé, la question “Pourquoi la poésie?” se pose de la façon la plus aiguë. Le poète, qui n’a pas la réponse, en ressent l’urgence et n’a d’autre choix que de poursuivre son travail, envers et contre tout. Car les forces anti-poétiques sont puissantes, en lui et hors de lui. Le combat entre la création et la destruction s’exacerbe au plus haut point. «L’éperdu», n’est-ce pas cet homme passionnément en recherche de ce qu’il ignore mais dont il pressent que la vie même, toute la vie, en dépend? N’est-ce pas aussi cette ardeur, cette brûlure, cette brisure qui le fait s’émouvoir?