sa LEGAZ Bernard - Maison de la poésie et de la langue française de Namur

LEGAZ Bernard

Biographie

Bernard Légaz, tétraplégique depuis 2002, a décidé de rester quelqu’un d’attentif à la vie sous toutes ses formes.
A la beauté des plantes et des herbes soufflées par le vent. Aux nuages qui passent. Au rire des enfants. Aux formes et à la douceur des corps. Aux odeurs des bois. Aux conversations plus intimes, moins nombreuses, mais pas moins intense. (…)
Bernard Légaz nous laisse libre de penser, n’impose pas son mode de résistance. Mais il a choisi de nous dire, aujourd’hui, pourquoi il tient à la vie, ce qu’elle apporte de positif, à lui et aux siens aussi. Ce livre n’a rien d’un message pieux. Un livre, c’est une parole vivante. (Alain Delaunois- RTBF- LE SOIR).

Bibliographie

  • Blanchir nos misères, éditions Éphémère, D’une colline à l’autre, Goesnes, 2005.
  • À petits souffles, voix levées. Avec Agnès Henrard, Le Coudrier, 2012. Illustrations de Kikie Crèvecœur.

 

Textes

Extraits de Blanchir nos misères

J’ai beaucoup d’amnésies. Épicure m’a bien aidé, j’ai fait le reste. Trop de boissons alcoolisées, des ivresses hallucinées, mon amour les femmes, cochon gras et charcuteries.
Une route quitte sa trajectoire, pour marquer un arrêt dans le cheminement de mon existence. Amnésie quand tu me tiens. Amnésie quand tu m’oublies. Ta demande en mariage a transformé le oui de mes souvenirs, et, je tiens à me séparer de toi.
Ne transforme pas tes douleurs en pleurs, je n’en ferai aucun cas. Libre, je reconstruis une histoire. (p. 2)

Détention hospitalière

Je ne suis pas courageux, je suis patient. J’ai plus besoin de patience que de courage.
Ici, c’est ma place. Je ne voudrais l’échanger avec personne. Elle est à moi tout seul.
Je suis triste de la souffrance des autres. Ils ont besoin de courage.
Je n’ai plus de mains pour caresser les gens. Je veux les caresser avec mes mots.
Je souhaite retourner sur la colline de Goesnes, retrouver les odeurs et les arbres.
Hôpital, tes odeurs, tes arbres par la fenêtre, que je ne reconnais pas. (p. 4)

Je suis l’oiseau sans ailes. Je me blottis dans le fond du lit. J’émerge par la pensée du haut d’une falaise. Je saute et je vole. (p. 35)