Amitié
Dans ma chère campagne, au détour d’un bosquet,
S’offrent à mon regard de simples paysages
Pittoresques et purs dans leurs décors sauvages,
Diffusant, en mon cœur, la paix qui lui manquait.
Ils ont l’humble beauté d’un chef-d’œuvre coquet,
Loin de tout artifice et de lâches trucages ;
De primitives fleurs ornent leurs pâturages
Et des corolles d’or s’y penchent en bouquet.
J’en ai pris une tige à l’agreste vêture,
Estimable trésor de ce coin de nature,
Afin de te l’offrir ; dans ce geste enfantin
Peut-être désuet, vois ma reconnaissance :
Précieuse est la plante au toucher de satin
Car de ta sympathie elle sent la fragrance.
Amour trompé
Que tes bras semblaient doux,chauds,où tu m’enflammais !
Tout me plaisait en toi, devenait adorable,
Le feu des passions me brûlait, vulnérable,
Tandis que sur ton cœur, vif, tu me consumais…
Ton sourire enjôleur et mutin, je l’aimais ;
Mon sentiment sans fard, fougueux, inaltérable
Te parait d’agréments… Et toi, l’être admirable,
Tu te gonflais d’orgueil quand tu me désarmais…
Heureux temps de l’amour, des tendresses candides
Que son lyrisme allume à ses braises splendides !
Mais il ne dure point quand l’ardeur de l’amant
S’est embrasée ailleurs… Une autre le fascine
Et ma fièvre s’éteint pour toujours, froidement :
Sur la cendre grillée, une âme se calcine.