KOBS Jean

Biographie

Ardennais d’origine, Lorrain de naissance, Jean Kobs est né le 12 avril 1912 à Hayange, en Moselle (France), de parents belges émigrés. Le poète n’a jamais oublié son pays natal, dont il parlera avec tendresse dans ses écrits. Après ses études primaires, il est envoyé en internat à Bastogne pour y recevoir une formation humaniste et philosophique, avant d’aller étudier la théologie au Grand Séminaire de Namur. Ordonné prêtre en 1936, il est désigné successivement comme vicaire à Barvaux-sur-Ourthe puis comme curé à Dinez-Houffalize. Les poèmes écrits à cette époque reflètent les sentiments austères que lui inspire cette région d’Ardennes, à laquelle il préférera la vallée mosane. Il terminera en effet son ministère pastoral à Dave-sur-Meuse où il séjournait depuis 19 ans. En 1977, lors de sa retraite, il se réfugiera à Wépion, Namur, où il écrira ses derniers poèmes. Il décède à Godinne en août 1981.

Il est l’auteur d’une œuvre imposante, qui allie l’inspiration féconde à la forme parfaite des règles classiques. Au fil de ses sonnets, on découvre une philosophie universelle et intemporelle.

Si chaque sonnet, parfaitement ciselé, « à la Ronsard », vaut par lui-même, il se dégage de cette œuvre magistrale un sens de la vie où affleure la lumineuse présence de Celui vers lequel, incons-ciemment ou non, tendent tous les êtres.

Jean Kobs descend jusqu’aux profondeurs les plus secrètes des réalités du monde. Il touche à l’essentiel en abordant les chemins de la vie avec sérénité, tolérance et amour.

Bibliographie

  • Le parfum du silence, Vaillant-Carmanne, Liège, 1949.
  • Les roses de la nuit, préface d’Yves-Gérard Le Dantec, Points et contrepoints, Paris, 1953. Ouvrage couronné par l’Académie Française, Prix Mesureur, et par le Prix Amélie Murat, 105 sonnets.
  • Le Kobzat de l’exil, 1059 sonnets, 2 tomes : I. Le printemps et l’été, Revue moderne, Paris, 1973, Collection Points et Contrepoints, 530 sonnets. II. L’automne et l’hiver (idem, 1974), 529 sonnets.
Ouvrage couronné par :
L’Académie Française, prix Broquette-Gonin.
L’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, prix Henri Davignon.
L’Association royale des écrivains wallons, prix Marcel Lobet.
L’Académie des poètes classiques de France, grand prix 1974.
Publications posthumes, présentées par Marie-Thérèse Boulanger
  • La mémoire du silence, Bellalui, La Corniche, 26 Wépion-Namur, Belgique, 1985. Coix de 300 poèmes dont 286 sonnets, suivi de notes bio-bibliographiques ; ouvrage couronné par l’Académie internationale de Lutèce, Coupe de Poésie classique.
  • Une mémoire d’un val de Meuse, 55 poèmes extraits de l’œuvre de l’auteur, Bellalui, La Corniche, 26, Wépion-Namur, Belgique.
  • Une mémoire de Lorraine et d’Alsace, 71 poèmes extraits de l’œuvre de l’auteur, Bellalui, La Corniche, 26, Wépion-Namur, Belgique.
  • Au Château de la Solitude, Re-créations poétiques de textes de Rainer Maria Rilke, Bellalui, 1993. 90 poèmes, édition établie et présentée par Marie-Thérèse Boulanger et par Ferdinand Stoll, professeur au Centre universitaire de Luxembourg.
À consulter
  • VAN COPPENOLLE, Renée, o.p., Un prêtre-poète : Jean Kobs. Ottignies : Editions Dieu-Brichart, 1986. Prix de philosophie et lettres Broquette Gonin, Paris, Académie française.
  • DUCOBU, Michel, L’Exil est le Royaume, Namur : revue Sources, septembre  1992,  numéro 11, pp. 222-224.
  • STOLL, Ferdinand, Jean Kobs, poète des Ardennes et du Namurois, ibidem, pp. 225-251.
  • PIRSON, Michel, Choix de poèmes religieux de Jean Kobs, Les éditions namuroises. Ce livre contient un CD audio reprenant vingt poèmes de Jean Kobs, lus par Michel Pirson.
  • Œuvres complètes I, présentées par Laurent Fels, Luxembourg, Ed. Poiêtes, 2009.
  • Dans la chambre secrète du silence, Actes du colloque de Clervaux (26 janvier 2013), textes réunis et présentés par Laurent Fels, Luxembourg, Ed. Poiêtes, 2014. (Cahiers Jean Kobs, n°1).
Article à consulter :
  • Jean Kobs, Dernier vœu. In : « Reflets Wallonie-Bruxelles : la pensée-wallonne », n°29, juillet-sept. 2011.

Textes

Extase

Tu parles, je t’écoute et j’entends que tu chantes,
Et soudain devant toi je demeure interdit,
Car je ne comprends pas les mots que ta voix dit,
Et pourtant ta chanson me semble très touchante.

Ta façon de parler me paraît si savante
Que je dois répéter les mots que j’entendis,
Et qui me font rêver au lointain paradis
Dont le désir profond en t’écoutant me hante.

Il y a dans ta voix un accent merveilleux,
Un parfum si subtil et si contagieux
Que j’y crois découvrir un bonheur introuvable.

Quand je veux de mon coeur apaiser le tourment,
J’écoute en moi chanter ta parole ineffable
Et je suis stupéfait de cet enchantement.

(L’offrande du Kobzar)

*

La visite

Quand je serai parti, vous fermerez la porte
De la chambre où j’aurai vécu mes derniers jours
Et, si tel visiteur plus tard m’aimait toujours,
Ouvrez, le souvenir quelquefois réconforte.

Vous lui direz : “Voilà le vieux lit de la morte,
L’alcôve et la chapelle et l’or de l’abat-jour
Sous lequel il lisait le soir des chants d’amour
Et ses livres rangés dont lui plaisait l’escorte.

Le bureau sur lequel il fit ses derniers vers,
Son autel, son calice et son missel ouvert”.
L’horloge marquera cette heure enchanteresse.

Et tout en soulevant les rideaux du décor
Où j’ai passé les jours bénis de ma vieillesse
Il sera convaincu que je ne suis pas mort.

(“La mémoire du silence”, in : Une mémoire d’un val de Meuse)