KAMMANS Louis-Philippe

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Biographie

Né en 1912, mort en 1972, figure connue de la radio et de la télévision belge naissante, Louis-Philippe Kammans est reconnu, aujourd'hui seulement, comme un des premiers poètes de sa génération. Après des débuts que l'on peut qualifier de «post-cubistes», dont la dérision laisse percer un certain tragique, Kammans devient un mélancolique de grande race et un chantre inspiré de l'Europe, tel que l'on n'en avait plus entendu depuis Jules Romains.

Bibliographie

  • Dièse et bémols, Avec des illustrations de Dave Jacob. Bruxelles : R. Henriquez, 1931.
  • Calendrier, douze poèmes, Roma : Tipografia del Senato, 1957.
  • Inventaire, 1957.
  • Mes grinçants carrousels, 1957.
  • Rien ne reste vivant, 1957.
  • Litanie de l'an trente, 1957.
  • Carnet de route, 1957, tous hors commerce
  • Guide pratique de la prononciation française : Rien que l'essentiel - mais tout l'essentiel.  Bruxelles : Baude, 1964. 
  • Poisons des profondeurs, Bruxelles, André De Rache, 1970.
  • Poèmes choisis. Portrait par Alain Bosquet, Préface de Jeanine Moulin. Bruxelles : Académie Royale de langue et de littérature françaises, 199. (Poésie, théâtre, roman). 
  • La prononciation française d'aujourd'hui : manuel à l'usage des étudiants, des comédiens, des speakers,.. Deuxième édition, revue et remaniée.  Bruxelles : Editions Baume ; Amiens : Scientifiques et littéraires, s.d.(Bien écrire et bien parler ; 12). 

Textes

La garce

Jadis?  Ah! ces longs jours mirifiques et vides
Et rabougris...  Tu pensais trouver l'absolu
Dans les affres d'alcool, ces corbillards perfides,
Pleins de chagrins sans noms, de sanglots superflus.

Mais, la trompe sonnat: pétarade et fier-cul!
(Des chevaux amoureux la tendresse est grinçante)
Tu inventas l'amour!  Et, dès lors, tu connus
Savamment, l'orgueilleux bonheur d'être méchante.

Ton coeur, tu l'as pourtant donné.  Et je l'ai vu,
Non sans peur! lacéré par des mains inexpertes,
Pâlir et s'atrophier... miracle préconçu!

Ton avare désir ne conçoit nulle perte.
S'adorer?  Pauvre enfant!  Et que deviendras-tu,
Quand l'hiver sifflera sur la plage déserte?

Commentaires

Homme public qui illustra la radio et la télévision, Louis-Philippe Kammans est un des rares poètes marquants de sa génération.  On peur voir trois inspirations successives dans son oeuvre.  Sa première plaquette, aujourd'hui introuvable, Dièse et bémols, imprimée en 1931, à dix-neuf ans, la place entre Max Jacob et Pierre Reverdy: un poète postcubiste attiré par la dérision et la perpétuelle pirouette, avec en arrière fond, un sentiment camouflé du tragique.
Vingt-six ans plus tard, en 1957, Louis-Philippe Kammans fait imprimer, hors commerce, pour quelques amis, simultanément, six minces recueils.  Les litanies qui les forment laissent un inoubliable parfum de mélancolie, comme on n'en avait pas rencontrée depuis Verlaine ou Odilon-Jean Périer.  Le temps passe, tout va à la mort, il ne reste rien que nous qu'une inutile bonne volonté: sur ces thèmes il a écrit des strophes superbes.  La niche pour les chiens qu'on trouve dans Rien ne reste vivant est, sans doute l'un des poèmes les plus pathétiques et les plus parfaits de notre après-guerre.
Poisons des profondeurs, paru en 1970, contient de vaste poèmes sur l'Europe, qu'il a chantée comme pas un, depuis l'époque déjà lointaine de Jules Romains.  Louis-Philippe Kammans y dit avec émotion et grandeur la solidarité des gens de nos rivages.

"La poésie francophone de Belgique 1903-1926",