JUIN Hubert

Biographie

1926 : naissance à Athus (Ardennes wallonnes), le 5 juin, de son vrai nom Hubert Loescher, dans un milieu rural, étranger à toute littérature. Installation de ses parents à Bruxelles, en 1938. Collège de Virton et écoles bruxelloises. Choc du fascisme. Contact avec la Résistance. Séjours à Athus jusqu’en 1952.

1945 : entrée en littérature, qui passe par un premier séjour à Paris (où il rencontre Albert Camus), un premier essai, à Bruxelles, (Jean-Paul Sartre ou la condition Humaine, 1946), une vie sans ressources et à partir de 1952, des vagabondages en France avec Gérard Prévot.

1953 : consécration d’un écrivain. Chronique régulière à Combat. Publication, en 1954, de Les bavards, autobiographie, son “premier vrai livre”. Fréquentation d’Albert Béguin (la revue Esprit), puis d’Aragon (Lettres françaises), après un long séjour dans les pays de l’Est. Carrière établie d’écrivain (cycle Les hameaux, 1958-68) et de journaliste littéraire (notamment à France-Culture).

Marqué par le «Printemps de Prague». Après la disparition des Lettres françaises, collaboration au Monde, au Magazine littéraire et à la Quinzaine littéraire.

1987 : Décès à Paris, le 3 juillet

Bibliographie

  • Le livre des déserts, Paris, Falaise, 1957.
  • Quatre poèmes, Paris, P.J. Oswald, 1958.
  • Le voyage de l’arbre, idem, 1960.
  • Un soleil rouge, Paris, Ed. Universitaires, 1967.
  • L’animalier, idem, 1967.
  • Dessins de la mise à nu, Paris, E. Losfeld, 1971.
  • L’automne à Lacaud, Bruxelles, De Rache, 1972.
  • Les guerriers du Chalco, Paris, 1976.
  • Ma fenaison, Bruxelles, Le Cormier, 1977.
  • Le rouge des loups, Paris, Belfond, 1981.
  • Les incertitudes du réel, Sodi, 1968.

Textes

Va! cueille la fougère

Va! cueille la fougère pesante, c’est vêtement du mort.  Le sous-bois gémit
dans son sommeil, comme une chienne le museau dans ses pattes,

qui tremble dans les cavernes où va la meute des dormeurs.  Cueille le
genêt vif.  N’oublie point l’ancolie.  Joins à ceci le miel,

pour les dieux des taillis.  Homme d’automne, mon compagnon de
phrases!  L’oiseau nous dit son nom, ses titres, les hivers désertés,

puis les palmes creusées qu’on jette sur les routes chaque matin profane
dans les villages

désolés…

Commentaires

Parfait homme de lettres, toujours prêt à servir la chose écrite, découvreur de talents insoupçonnés, biographe de Victor Hugo, romancier de sa natale, la Gaume, Hubert Juin connaît une carrière de poète tourmentée et, quelquefois, incohérente. Il s’est dégagé avec lenteur des influences de Louis Aragon et de Saint-John Perse, abandonnant en premier lieur un lyrisme engagé politiquement, qu’il n’a pas su élever au niveau désirable. Mais, à partir des années 60, il a acquis une veuve baroque peu commune, qu’il a mise au service d’une poésie intériorisée et vibrante. Même s’il est par instant débordé par ses métaphores, Hubert Juin est un poète de grande allure, quand il traite de deux sujets précis: la description des gens humbles de sa province, et les méandres de l’amour sensuel. Sa pétulance un peu archaïsante fait alors merveille.

La poésie francophone de Belgique (1903-1926), Éditions Traces, Bruxelles.