Philippe Jones est le poète de la mesure: intériorité, nuances, passage de l’abstrait au concert et de celui-ci à celui-là. Voisin quelquefois de René Char, il aime chercher au réel une ombre, et ajoute à la prescience comme une dimension morale à plusieurs issues. En quête d’une vérité à peine soupçonnable, il se situe dans les pénombres de la conscience, là où l’inconscient soudain se révèle. Tant de précautions aboutissent à des formules d’une surprenante justesse. Il faut dire à mi-voix. La pensée, avec lui, tour à tour se déguise et s’affiche, toujours accompagnée de ses propres scrupules. Ce tâtonnement résume toute la trajectoire d’une poésie moderne.
“La poésie francophone de Belgique (1903-1926)”, Bruxelles, Éditions Traces.
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“Couleurs d’un éveil” : La poésie de Philippe Jones est habitée par un imaginaire qui ne cesse de porter la parole depuis l’expérience la plus immédiate vers les rives les plus incertaines de cet inconnu qui nous habite et nous environne. Dans “Couleurs d’un éveil”, l’alternance entre textes en prose et suites en vers maintient l’équilibre entre la saisie sensible du réel, à juste distance, et l’aspect critique affirmant un rapport au monde devenu plus problématique que jamais.
Extrait de “Le Carnet et les Instants”, Bruxelles, n°166, avr.-mai 2011, p. 70.
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La solitude ne nous atteint point si sans cesse on renaît. Quelle merveille de se réveiller chaque jour de sa vie! Et de découvrir de nouveaux éveils, liés aux instants qui finalement constituent notre durée, notre vie. Lieu d’enchantement et d’échanges multiples grâce à cette ouverture d’esprit qui est une conquête existenctelle. Et c’est la “racine (qui) transmet un souflle sourd”.
Emile Kesteman. In : “Reflets Wallonie-Bruxelles”, n°29, juillet-spet. 2011, p. 18.