Poète maudit dans toute l’acceptation du terme, Fernand Imhauser n’aura connu aucune trace de renommée de son vivant. Cette oeuvre est pourtant l’une des plus fervents et des plus profondes que la Wallonie ait donnée au monde, en ce second demi-siècle. Elle peut faire songer à deux autres marginaux, Tristan Corbière et Jules Laforgue. Mais Fernand Imhausser appartient à une époque plus sismique, peut-on dire: le refus, chez lui, s’accompagne d’images venues du subconscient et de stridences que la raison n’a pas eu le temps d’attiédir. Retors et séduisant, il sait dire son inadaptabilité avec des accents presque mélodieux et toujour entourés d’une pluie d’étincelles. En cela, il civilise, comme malgré lui, ses souffrances, et leur confère une musicalité qui ressemble peut-être à celle d’Henry Levet ou, plus près de chez lui, à celle d’un Odilon-Jean Périer qui serait emporté, ivre et libre à la fois. Cette belle voix, unique et brisée, mérite une attention que seuls lui ont accordée quelques dizaines d’admirateurs.
La poésie francophone de Belgique (1928-1962). Bruxelles : Editions Traces.