HAVET José

Biographie

José Havet est né à Waterloo en 1937. Il détient une licence en sciences sociales de l’Université Libre de Bruxelles et un PhD en sociologie de l’Université de Pittsburgh, E.-U. Il a enseigné en Bolivie, à Porto Rico et principalement à l’Université d’Ottawa; et publié plusieurs ouvrages et de nombreux articles relevant de sa discipline académique. Parallèlement, il a fait paraître des poèmes dans diverses revues, entre autres L’Apropos, Marginales et Liberté.

Source : éditions Azimut

Bibliographie

  • Louis Daubier. Poésie, transparence et tentations contradictoires. Éditions Azimut, 2013.
  • Pour Rebecca, Editions mer bleue, 2017.
  • Être transparaître, Editions mer bleue,2017.
  • Nuit frontière, Éditions Azimuts, 2013.
  • Transparence: Revue de poésie et des idées, Revue, 2017.

Textes

Ce furent des matins en fougères.

Je me couvrais d’histoires en arbres tentacules, en

errances légendaires.

Et je me confondais avec ces mondes imaginaires,

confusions perverses d’ombres et de peurs, chaos de songes et de scènes amères.

 

J’accaparais les regards perdus, les paroles secrètes,

les moralités indociles.

Je pénétrais les bonheurs imprévus, les détresses

muettes, les bontés difficiles.

Et je dessinais des itinéraires improbables,

géographie de tracés incertains, faisceau de nervures fragiles.

 

Puis, hérissé, dressé, redressé, j’ai étayé mon

imagination,

Rejeté mes rêves en décombres, fondé mes strates

profondes, jalonné mes horizons,

et découvert de nouveaux souvenirs, de nouveaux

doutes, de nouvelles raisons.

 

Ô mon enfance. À contre-voie, à contre-jour, à

contresens. Rouée de coup, émaillée de pleurs.

Avec les poings de mon père enfoncés dans mon coeur.

 

Ô les matins en fougères.

 

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Rebecca ma fille

Par delà l’océan

ta vie

marquée au fer rouge

de lettres non-envoyées

morts-nées

entassées

dans une boîte à chaussures

abandonnée

dans ta chambre à coucher

 

papa j’écris

je t’écris pour te dire

mots mormes monotones

cinquante fois répétés

cinquante fois arrachés

à qui à quoi

à quel silence à quelle absence

mots mornes devenant

des en-têtes têtus

têtus solitaires et précaires

au haut de feuilles nues

entassées

dans une boîte à chaussures

abandonnée

dans ta chambre à coucher

 

mais tu as

Rebecca

téléphoné

téléphoné pour me dire

à moi qui vivait là-bas

me dire ton avortement

et l’ordre de ta mère

de le faire et de le taire

téléphoné pour me dire

avant

avant de mourir

après plus tard

 

plus tard mourir

plus tard trois mois

à dix-sept ans

mourir

dans la douche à torrent

et le gaz

 

ô maintenant tu es

Rebecca l’accidentée

la presque mère

l’enfant

nouveau gisant

à la peau bronzée d’adoptée

corps nu trouvé

dans un jet d’eau brûlant

 

********************

 

Traverser tes cris ta pluie

tes ombres ravagées

et

s’amarrer à tous tes rivages

tes seins dégrafés

 

bercer ton corps décontenancé

tes agonies haletantes

et s’empêtrer dans tous tes cordages

tes adages désordonnés.

 

explorer tes paysages désolés

tes itinéraires fracturés

et arpenter toutes tes impatiences

parterres d’herbes piétinées

 

desserrer l’étau de tes ciels plombés

tes regards assoiffés

et

sentir le sang me martelant les temps

tension lente et violente

 

alors

pourquoi comment

se retrouver se retraverser

alors

que s’est érigé ce mur de mots élimés

lourd abécédaire de raisons éraillées

alors

qu’il faut en finir avec tous les faux-fuyants

ceux-ci ceux-là et ceux de tous les encombrements

alors

pourquoi comment

se battre et se combattre

en s’accrochant

à la pente de nos vies

 

 

Commentaires

“La lecture hyper-sensible des poèmes ( de Louis Daubier par José Havet) procure un vrai plaisir: elle montre que toute poésie, même hautement subtile comme ici, est déchiffrable, lorsque l’attention de l’analyse atteint (une telle) excellence.”

Jacques De Decker, Secétaire perpétuel de l’académie royale de langue et de littérature française de Belgique. 2002

 

” Monsieur Havet…, sachez que de votre ” Louis Daubier”, j’accepte tout, je prends tout de ces 255 pages dont votre ouvrage est constitué. Tout. Car grâce à votre écriture, (j’ai pu me rappeler) tous les aspects… d’un poète que j’ai aimé et dont je continue à aimer l’homme et l’oeuvre”.

André Schmitz- poète

 

” L’écriture (de José Havet dans son premier recueil <Nuit Frontière> est … rageuse, torturée. Ce tardif témoignage (car l’auteur à 75ans) est incendiaire, lucide et finalement pour tous libérateur.”

Pierre Guérande in “Reflets”, n°41, juillet-sept. 2014

 

Le recueil “Pour Rebecca” de José Havet est “niche de pures beautés, commme exhumées d’un deuil trop long, que le temps exonère enfin. (Le livre est) très beau, très fin. Un témoignage au-delà de la peine. ”

Philippe Leuckx, à paraître, 2017.

 

Le recueil ” Pour Rebecca” de José Havet: ” des textes d’une émotion poignante, dans leur discretion voulue.”

Joseph Bodson in ‘Reflets”, à paraître, 2017.