sa
RETABLE
Ma terre avait les yeux de ton adolescence,
ses bois fleuraient la liberté
et les cheveux houleux de ses moissons immenses
coulaient de l'or à volonté;
c'était ma terre et mon été;
c'était la ferme aux yeux de feu
guettant le retour aux étables,
rêveuse au soir comme un retable,
où ployait, blanche et vulnérable,
ta paisible sérénité.
Ma terre avait aussi les mains de ta ferveur,
hésitant au bord des parfums;
comme l'eau cherche un lit de fleurs
elle fouillait de ses doigts bruns,
jusqu'au fond, mon coeur.
Ma terre avait enfin le sang de ta jeunesse,
fouettant la sève des pommiers,
domptant le soleil étonné
qui s'attardait dans tes bras nus
sans qu'il soit jamais plus
ni jamais moins qu'une promesse...