GILKIN Iwan

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Biographie

Né à Bruxelles le 7 janvier 1858 et mort le 28 septembre 1924, Iwan Gilkin effectue ses humanités à l’Institut Saint-Louis de Bruxelles. Originaire d’un milieu catholique aisé et cultivé, il fait, à Louvain, des études de droit qui contrecarrent ses aspirations profondes à la poésie.  Il collabore à la Semaine des étudiants avec Albert Giraud, Emile Verhaeren, Ernest Van Dyck, Emile Van Arenbergh, Edmond Deman…

À Bruxelles, il fonde la Jeune Belgique avec Max Waller, Giraud, Verhaeren, Eekhoud, Maubel…  Il en assure la direction de 1893 à 1897 et collabore à diverses revues comme le Journal de Bruxelles, Le progrès, le Messager de Bruxelles…

À quarante ans, Gilkin épouse la soeur de Maurice de Waleffe, dont il aura une fille. Depuis 1907, sacrifiant aux nécessités de la double carrière, il assure les fonctions de bibliothécaire au ministère des Sciences et des Arts. Il fait partie de l’Académie dès sa fondation en 1920 et meurt à Bruxelles, le 28 septembre 1924.

Sources :

Iwan Gilkin. In : Site de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Bruxelles : ARLLFB, 2011. [Consulté le 28/10/2011]. Disponibilité et accès : http://www.arllfb.be/composition/membres/gilkin.html

Iwan Gilkin. Bruxelles ; Paris ; Londres : Association des Écrivains Belges, 1914. (Anthologie des écrivains Belges de langue française).

Bibliographie

  • La damnation de l’artiste. Bruxelles : Deman, 1890.
  • Ténèbres. Bruxelles : Deman, 1892.
  • Stances dorées. Bruxelles : Lacomblez, 1893.
  • La nuit.  Paris : Fischbacher, 1897.
  • Prométhée. Bruxelles : Larmertin, 1897.
  • Le cerisier fleuri. Paris : Fischbacher, 1899.
  • Jonas. Bruxelles : Deman, 1900.
  • Savonarole. Bruxelles : Larmertin, 1897.
  • Iwan Gilkin.  Bruxelles ; Paris ; Londres : Association des écrivains Belges, 1914. (Anthologie des écrivains Belges de langue française).

 

Textes

Renaissance

Mon coeur, mon coeur était un parc abandonné,
Fourrés épais, fouillis de charbons et de ronces,
Où sous les fleurs de maint arbuste empoisonné,
Erraient s’inistrement des jaguars de des onces.

O divin messager de prière et d’amour,
Cher enfant vierge et doux qui viens sauver mon âme,
Tes lèvres font l’aurore et tes yeux font le jour
Dans la nuit ténébreuse où j’attendais ta flamme!

Et voici que je sens refleurir vers l’azur
Les rosiers de mon coeur qui se couvrent de roses.
Sur les gazons soyeux un agneau tendre et pur
Rêve dans la candeur renaissante des choses.

 

Calme

 

Sous les ombrages épais,

Nulle brise, nulle flamme

Quel repos et quelle paix

Sur la terre et dans mon âme!

 

Ah! Laissons tout sommeiller,

Mon coeur! Silence! Silence!

Gardons-nous bien d’éveiller

Le désir et l’éspérance.

Commentaires

On devine pourquoi les délicats et même les connaisseurs ont très vite délaissé Iwan Gilkin.  Tout chez lui est excessif, grandiloquent, de mauvais goût, lourd, plein d’insistance.  L’artisan du vers manque aussi de finesse et, a-t-on envie de dire, de finition.  Auteur  de trois recueils principaux, il ne se livre vraiment, avec fougue et rage, que dans La Nuit: ce que Beaudelaire et Rollinat avaient de désespéré devient, dans ce livre, maudit, infernal.  Et c’est là que l’homme qui met tant d’efforts à se dissimuler, se montre moderne: aucun doute, aucun drame, aucun remords, aucun vice, même quand il en suggère à peine la nature, ne lui fut épargné.  Si pour lui la création est une erreur, il ne s’aime pas davantage:

Je me meurs du dégoût des lèvres et des livres,

écrit-il, comme pour donner à une pensée de Mallarmé un tout plus inextricable.

A travers des poèmes trop martelés et comminatoires apparaît un être bouleversant et sulfureux.

Editions Traces Bruxelles 1985 “La poésie francophone de Belgique”