- Les chansons naïves, Liège, Vaillant-Carmanne, 1892
- Pages de joie, Liège, Floréal, 1893
- Roseaux, Paris, Mercure de France, 1898
sa
La princesse naïve
Je voudrais être aimée par un prêtre bien chaste
Qui ferait de son coeur un frêle sanctuaire
Avec de l'encens pur et de pâles cantiques
Et des clartés de cierges en l'or des lampadaires.
Dans la châsse sacrée aux sveltesses gothiques
Un lys serait l'autel dont je serais la reine;
Mon prêtre chanterait des prières mystiques
Et je mourrais d'extase en l'écoutant prier!
Qui se souvient de Paul Gérardy? Seul Pol de Mont, dans son anthologie, "Modernités", lui a fait une place à peu près convenable, il y a de cela trois quarts de siècle. Et pourtant, il a publié en 1892 un recueil de poèmes, Les chansons naïves, qui demeure l'une des oeuvres les plus durables de l'époque. Sans doute, son ton peut-il paraître mineur, à la suite de Théodore de Banville, mais dans le moins, de Paul-Jean Toulet. Mineur, il ne l'est que par une sorte d'humilité, qui quelquesfois s'écarte pour laisser poindre des drames, des interrogations, des véhémences mal réfrénées. Tout est limpide chez ce poète; il arrive pourtant qu'il aille au bout de sa superbe sérénité, pour saisir le mystère et ne plus le lâcher.
Editions Traces Bruxelles 1985 "La poésie francophone de Belgique"