Erotisme? Pornographie? Peu importe. C’est la manière dont ils se précipitent, suggèrent, prennent possession de la personne, comment l’évidence, le souci du concret et l’impassibilité de l’objectif traquent le désir qui se met à nourrir aussitôt un fol espoir, dans ces histoires racontées encore et encore, dans la mesure où la conscience a été captée par le texte : raconter seulement ce qui a été vécu, à force d’ accumuler les histoires, refuser de se laisser inventorier, et s’éloigner davantage en une succession de mirages sur le sexe.
Le corps est au centre de ces récits, un corps à l’écart de la réalité ; il se raconte dans la discontinuité, observable, modelable, donne la possibilité de rendre au lecteur la liberté de sa propre mise en scène, comme dans l’imaginaire, le plaisir de modifier à chaque instant tout un stock de souvenirs, par cette rencontre promise : l’androgyne comme figure emblématique de la révolte et l’amour de l’absolu.
Ecrivain et femme athlète, Nathalie Gassel est l’auteur de récits, proses poétiques, textes érotiques, articles portant sur le corps, l’apparence, le simulacre, l’absence. Eros androgyne est un premier livre-monstre, sans aucun doute l’un des plus forts de la littérature érotique contemporaine.
Quatrième de couverture de Eros androgyne par Alain Duveau **** Nathalie Gassel compte parmi les voix les plus singulières et intrépides : via “Eros androgyne” et “Musculatures”, elle s’est imposée hier à l’attention, préfacée par d’aussi éminents spécialistes de l’érotisme que les regrettés Pierre Bourgeade et Sarane Alexandrian. Ceci rappelé afin de situer en quelle haute estime est tenue l’autodidacte auteure belge de “Récit plastique” et “Construction d’un corps pornographique”, qui pratiqua intensivement le culturisme et fut championne d’Europe de boxe thaïlandaise. Etiqueté roman, “Ardeur et vacuité” est une tumultueuse autofiction dont la narratrice, très éprouvée par la mort de sa mère, lui adresse une bouleversante lettre d’amour. Un récit philosophique abrupt d’une rigueur et d’une sincérité absolues, dû à un poète pour qui “l’indéfini occupe une place importante” dans la vie. Par ailleurs, Nathalie Gassel évoque apéritivement le Saint Sébastien et l’autoportrait crucifié “en nudité intégrale” d’un ami, photographies dont l’on regrette qu’elles ne soient ici reproduites. (Fr.M., article paru sur le site de La libre Belgique le 9 juillet 2012) Ardeur et vacuité, Le Somnambule équivoque, 2012. (Fulgurances).